Pause Guitare… passe à l’action (Jour 3)

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Jour 3… Les températures ne baissent pas et si les prévisionnistes météo nous annoncent la pluie pour aujourd’hui, le réveil se fait une fois de plus sous une chaleur aussi appréciable qu’écrasante. Peu importe car la perspective de prendre pour cette troisième journée une bonne rasade d’énergie rock et rap me gonfle à bloc. Le pas léger direction l’Athanor où a lieu l’acte 2 du Prix Magyd Cherfi dans une salle qui a la très bonne idée d’être parfaitement climatisée.

Nirman ouvre le bal avec sa poésie douce et souvent groovy, son petit air de ne pas y toucher qui pourtant trouve le chemin de nos cœurs. Une belle prestation malheureusement peut-être pas assez dans l’air du temps pour lui permettre d’aller plus loin dans ce prix. En revanche, celui qui suit est, lui, totalement en phase avec les attentes des professionnels de la profession (peut-être trop si l’on en juge par le clivage qui existe au sein de notre rédaction où certains – dont moi – apprécient son travail alors que d’autres – hello le rédac’ chef ! – trouvent ça horriblement mauvais). En tout cas, Matéo Langlois, puisque c’est de lui dont il s’agit, ne laisse pas indifférent c’est déjà ça. Il me faut bien admettre toutefois que son univers aux contours  mouvants a de quoi provoquer des réactions exacerbées. Ce qui n’est pas le cas des Fils du Facteur, suisses fort drôles qui mettent tout le monde d’accord avec leurs chansons dans la plus pure tradition de la scène française à texte. Ou bien encore avec Bertille et sa pop électro toute douce, toute tendre, qui apporte enfin une petite touche de féminité dans ce début de journée un peu trop mâle à mon goût… Après deux jours de vraie-fausse compétition, il est temps de choisir et le jury 2019 aura visiblement un peu de difficultés à le faire puisque si le Prix Magyd Cherfi revient à Matéo Langlois, les Fils du Facteur sont aussi récompensés notamment en recevant un prix de la part de nos excellents confrères de Francofans.

 

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Vite, vite, à peine le temps de souffler, voici qu’il est temps de se précipiter – doucement malgré tout car il faut chaud et la passerelle qui reliera le centre-ville à Pratgraussals l’an prochain n’est qu’un doux rêve – vers les quatre têtes d’affiche du jour.  Et les premiers à fouler cette scène sont les sautillants Hyphen Hyphen. Son pop rock électro en bandoulière, la petite bande d’emblée frappe fort, mettant le public, déjà fort nombreux, dans les meilleures dispositions pour cette soirée qui s’annonce haute en couleurs. Arborant comme ses complices deux traits noirs sur les joues, Santa, telle une sauterelle survitaminée, dégoupille les titres du groupe avec une énergie de tous les instants, joue avec les gens et les symboles, n’hésitant pas à prendre clairement position sur des thèmes (comme l’homosexualité) souvent un peu casse-gueule, se payant même le luxe d’aller au contact du public en traversant la fosse (une première pour la soirée mais pas la dernière loin s’en faut) afin de grimper tout en haut de la régie lumière. Décomplexé, puissant, sûr de ses compositions, le groupe est sans conteste une valeur sûre pour faire bouger les têtes et une fort belle façon de débuter une soirée telle que celle-ci.

 

Forcément, en déboulant sur scène dans sa tenue de tennisman s’étant perdu en cherchant le chemin de Rolland Garros, Eddy de Pretto semble quelque peu décalé, voire pas du tout à sa place. Et pourtant !… Il ne lui faudra pas longtemps pour faire chavirer les cœurs, par sa simplicité mais aussi et surtout par la qualité de ses textes. Fort bien aidé par un son parfait mais amputé du côté visuel de son travail sur les lumières car jouant de jour, il peut alors ouvrir les portes de son univers et, en douceur, parler à nos esprits autant qu’à nos corps, opposant la délicatesse de ses mots aux thèmes parfois durs qu’il aborde. Et si ses titres ne sont pas (tous) de ceux qui l’ont entend en boucle sur les radios généralistes, ils sont repris en chœur (surtout cette fameuse “Fête de trop”) par une foule qui a adopté ce belge étonnant, et ce malgré son inconscient désir permanent de situer Pause Guitare du côté de Toulouse !… Loin des rappeurs en carton adeptes du mode clash tous risques, Eddy de Pretto est de ceux qui n’ont nul besoin d’en faire des tonnes pour imposer leur musique, pour nous faire entrer dans leur univers. En cela, quelle meilleure rampe de lancement pouvait-on espérer pour nous plonger à corps perdus dans la légende du hip hop from Marseille ?!

 

Car oui, la légende qui s’était faite plutôt rare ces dernières années, est enfin de retour sur le devant de la scène. En provenance de la planète Mars, IAM prouve encore et toujours que c’est dans les vieux tonneaux que l’on trouve les meilleurs crus. Après une arrivée martiale, masqués tels des samouraïs du Japon antique ou des comédiens du théâtre No, et portant des blousons de cuir que n’auraient pas reniés les Jets, Akhenaton, Shurik’n et leurs acolytes, tous passés depuis longtemps du côté obscur de la Force, commencent par dérouler les plus fabuleux titres de “l’Ecole du Micro d’Argent“, nous replongeant direct dans ces années 90 dont on aurait aimé ne jamais sortir, avec leur insouciance et ces chaînes en or qui brillent fièrement arborées. Un peu de “Révolution”, quelques titres phares, une pluie de billets d’une “monnaie de singe” (involontaire clin d’œil ou pas au groupe suivant, allez savoir !), quelques pas ensemble pour danser le mia et les voila qui finissent sur un banc, nous expliquant, de longues minutes durant, que “demain c’est loin”. Reste que pour les nombreux fans de la première heure présents ce soir, une chose est sûre et certaine, c’est que le bonheur, finalement, ce fut ici et maintenant.

 

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On aurait pu croire, d’ailleurs, que le public venu voir IAM quitterait rapidement le site de peur de se frotter à celui plus énervé, plus bouillonnant, de Shaka Ponk. Que nenni et quelle surprise, donc, de voir, après une longue attente due à un changement de plateau trainant en longueur, une foule toujours aussi dense accueillir le groupe de furieux emmené par Sam et Frah. Une fois de plus, le constat est sans appel, ces monkeys-là sont ce qui se fait de mieux pour filer une bonne baffe à toute tentation d’endormissement. Ici, le rock est sans artifice, sans barrière, il est dur, il est remuant, il secoue et invite à l’hystérie. Montés sur ressorts, les deux têtes de proue du navire fou enquillent les titres sans se poser de questions, parfaitement en place sur une scène au décor mobile, calés à la perfection sur les projections qui se font sur l’écran géant derrière eux. Déjanté, Frah n’attendra pas la fin du premier morceau pour se jeter dans le public, réitérant ensuite l’exercice, le plus souvent debout porté à bout de bras par ses fans, à maintes reprises. Et si le Wall of Death désiré ne sera pas à la hauteur, le Circle Pit initié par le chanteur quelques minutes plus tard connaîtra, lui, un franc succès et nous donnera à voir une image sublime, celle d’un nuage de poussière s’élevant doucement au dessus d’une marée humaine tournant, heureuse et furieuse, autour d’un artiste démentiel. Et si l’on regrettera, plus tard, que Sam n’ait pu, comme elle en a l’habitude lors de tous les concerts du groupe, aller se positionner au milieu du public pour la reprise de “Smells like teen spirit”, le tube de Nirvana (que mon rédac’ chef, pourtant fan du crew, trouve dispensable), il n’en demeure pas moins que cette heure et demie de pure explosion visuelle et sonore fût de celles qui laissent des traces, éblouissante et folle, scénographiquement incroyable et musicalement intense, positionnant une fois de plus le groupe comme un redoutable vecteur d’énergie et l’un des plus beaux représentants actuels de ce rock musclé qui, s’il sait faire bouger les foules, n’a malheureusement pas les faveurs des faiseurs de hype.

 

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Comme beaucoup, je quitte Pratgraussals exténuée mais heureuse, d’autant plus que, signe d’un destin favorable la pluie annoncée deux fois dans la soirée n’est jamais arrivée, laissant le festival se dérouler sans problème, les orages attendant sagement que tout le monde soit rentré chez soi pour se déchainer. Contente certes d’avoir pu (re)découvrir Hyphen Hyphen et Eddy de Pretto mais surtout d’avoir renoué avec la légende IAM et pris une claque avec Shaka Ponk. Demain, il sera temps de se quitter, non sans avoir pu admirer trois nouvelles légendes, du rock cette fois, Procol Harum, Toto et Scorpions… Il y a des mythes qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie, espérons donc que le rendez-vous soit à la hauteur de l’attente !…

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