Dans le spleen de nos villes vides de sens, loin des foules inconséquentes, l’être solitaire pose son coude sur le comptoir pour vaincre cette peur de l’ennui depuis que son âme sœur s’en est allée voir ailleurs s’il n’y était pas. Triste tropique d’un humain si banalement normal, d’un quotidien partagé par tant et tant d’oiseaux de nuit groggys par leurs errances nocturnes, joueurs dont le destin semble de devoir en permanence perdre le peu qu’ils sont misés. Dans ces nuits sans soleil, où l’horizon ressemble à un cul de sac, on s’étourdit aux vapeurs d’alcool pour ne pas sombrer dans l’anonymat, on se détruit en espérant aller mieux et l’on se perd le long de nappes synthétiques telles que celles que propose Romann dans “Rhuméo”, lente dérive aux accords lancinants, déchirant la nuit à défaut de réduire les fractures intimes, couvrant l’indicible peine sous une mélodie électronique, bande-originale d’une vie passée à défaire consciencieusement tout ce que l’espoir à essayer de construire… Quel plaisir que de pouvoir faire ce voyage immobile au cœur d’une atmosphère aussi planante que désespérante en se plongeant dans cette mélodie nonchalante et ô combien envoûtante !