Sugar & Tiger – The Hydrophobics

Thierry 1

Didier Wampas et son crew Sugar & Tiger ont retourné le Tropique du Papillon… On y était !

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Autant l’avouer d’entrée de jeu, lorsque un petit angelot potelé – que nous saluons d’ailleurs au passage – nous a informés il y a quelques semaines que Didier Wampas en formation familiale allait poser ses amplis au Tropique du Papillon d’Elne, nous fûmes d’abord un tantinet dubitatifs. Qu’allait donc faire ce punk sautillant loin d’une salle traditionnelle ou d’un festival à la hauteur de sa folie douce ?… Un tel déferlement de décibels ne serait-il pas fatal à ces pauvres lépidoptères ?… Existe-t-il suffisamment de fous furieux dans le coin pour mettre le feu à un tel concert programmé dans la fraîcheur d’un mois d’avril désespérément terne ?… Autant de questions qui nous hantaient lorsque, d’un pas agile et forcément aérien, nous cheminâmes vers l’entrée dudit lieu de débauche à venir.

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Premier indice à peine arrivés, oui, le public semble être de la partie. Oh certes, nous ne sommes pas au Stade de France mais paisiblement ce qui tient lieu de salle se remplit. Paradoxal dans la mesure où le quatuor The Hydrophobics a commencé lorsque nous arrivons à déverser sur les têtes un flot de gros riffs qui tâchent. Auto-intitulée drunk musique, ce qui, compte-tenu de la descente vertigineuse du batteur passé à la console son pour le set de Sugar & Tiger, n’est absolument pas de la publicité mensongère. Lunettes noires pour vapeurs éthyliques et agressivité sonique, le combo ne cherche pas à faire dans la dentelle, dans la délicatesse. Ici, nulle question de nappes éthérées ou de mélodies aériennes. Non, à grands coups de riffs graisseux et de batterie surpuissante, le groupe enchaîne les titres qui grattent et retournent le cervelet. Pas de pitié pour les oreilles délicates, les morceaux punkisants s’alignent le long du mur avec la régularité d’un métronome sous acide. D’une voix que n’aurait pas renier feu Lemmy Kilmister, Cam et son col de clergyman envoie du bois, caressant dans le sens inverse du poil les furieux d’ores et déjà en train de s’agiter devant lui. Il paraît, enfin c’est ce que l’on prétend, que les groupes de première partie sont là pour chauffer la salle. The Hydrophobics, en une bonne heure de set, aura fait mieux que confirmer la sentence puisqu’en portant la salle à la température de fusion, il aura mis Sugar & Tiger dans les conditions idéales pour faire jumper et pogoter le Tropique dans son ensemble.

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Quelques minutes pour souffler, pas très longues, juste le temps de papoter entre gens de bonne compagnie puis se faufiler en fond de salle, entre bar et console, que voici Didier et ses comparses qui entrent sur cette scène que l’on sent d’emblée trop petite pour eux, presque trop sage pour le tigre shooté au sucre d’un punk sans prétention. Posé à gauche de la scène, Didier va très vite s’échapper et, dès le premier morceau, descendre dans la fosse – ce qui est somme tout assez facile puisque la scène n’est haute que d’une quinzaine de centimètres ! – et se balader dans ce public chauffé à blanc. Avec ses deux fils (Diego et Arnold) qui assurent la guitare et la batterie, Jean-Mi son fidèle des Wampas à la basse et Florence sa compagne au chant, Didier sait qu’il peut compter sur une team prête à le suivre dans ses débordements, ses vagabondages sur terre et dans les airs. Car le bonhomme est ainsi, non seulement il enquille les titres bruts de décoffrage mais en prime, il paie de sa personne au sens littéral du terme, slam micro à la main (pas facile quand on est accroché à un fil !), monte sur le bar, se pose au milieu de la fosse ou va embrasser de temps en temps qui passe à sa portée. Très vite d’ailleurs, porté par son énergie digne du célèbre lapin Duracell, les premiers rangs se mettent en mouvement, pogotant gentiment mais nerveusement et faisant monter la température en un temps record. Là aussi, rien ici ne sent le préfabriqué, le formaté, on joue vite, on joue fort, on tape dans le dur, là où ça fait du bien, où la musique décrasse les cages à miel et fait bouger les petits corps fatigués jusqu’à extinction de la lumière interne. Sugar & Tiger ne promet rien si ce n’est de nous emmener dans un univers qui file la pèche et le sourire. Avec eux, rien n’est compliqué, rien n’est terne, les voix de Florence et de Didier, toujours frêles, toujours à la limite de la rupture, se chargeant de nous plonger tout habillés dans un bain de jouvence fait de ritournelles qui claquent, de titres qui font sourire autant qu’ils donnent envie de se jeter sauvagement sur son voisin, de cages thoraciques qui tressautent sous les coups de butoir d’une batterie lourde. 1h30 plus tard, le concert ne finit pas, se prolonge, Didier quittant la scène, allant bisouiller le public avant de remonter et remettre les watts. Une fin de set à l’image de tout le concert, généreuse, folle, un grand moment de partage que l’on ne veut surtout pas voir se terminer, un petit moment d’éternité qui met des étoiles dans les yeux et fait oublier, pour la quasi totalité de l’assistance, que les années ont passé et que les cheveux gris ont remplacé les crêtes sauvagement colorées. En toute simplicité, Didier et sa bande nous auront donné, sans jamais calculer, sans jamais se préserver, quelques dizaines de minutes de pur bonheur, arrivant même, et c’est un comble, à nous faire aimer le chanteur de haute voltige que fût Mike Brant avec une reprise décalée et urgente de “Qui saura”. Comme quoi, tout est possible lorsqu’on y met le cœur et qu’on fait les choses avec sincérité et envie !…

Et si, finalement, nous n’avons pas eu toutes les réponses aux questions que nous nous posions en cheminant vers le Tropique du Papillon, c’est d’un pas léger et avec les oreilles pleines d’acouphènes que nous sommes repartis vers d’autres aventures, moins bruyantes sûrement, pas moins enthousiasmantes a priori, tout en nous promettant de revenir très vite dans ce petit lieu fort sympathique à la programmation visiblement intéressante. Comme quoi, les idées préconçues !…

Photos : Laurene Coranti-Herten /// Report : Thierry
un grand merci à Pascal (La Tête Dans le Public)

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