Décalée, déroutante, attachante, énergique, barrée, autant de qualificatifs qui collent merveilleusement bien à Luce, elle qui, à peine éclose de la Nouvelle Star 2010, a su se construire un univers bien à elle, à son image, fait d’humour bon enfant et de facéties rose bonbon, de mélodies colorées et de textes gentiment surréalistes. Entre pop et variété, Luce ne choisit pas vraiment, déroulant ses chansons acidulées comme si elle avait envie de toujours nous surprendre, tout en semblant, paradoxalement, étonnée que cela nous plaise, que l’on adhère à sa proposition décalée. Son première album, «Première phalange», était débordant de cette envie de montrer, de plaire, que l’on trouve si souvent chez ceux qui ne se sentent pas forcément très légitimes. Le résultat ne pouvait être qu’un peu bancal, pas totalement réussi. Aussi, quand, par chance, vint le temps du deuxième opus, Luce eut la bonne idée de retourner voir Mathieu Boogaerts, auteur compositeur interprète qui, en prime, à la faculté de s’adapter à tous les univers, passant de Dick Annegarn à Vanessa Paradis sans transition ou presque. Frustré, lui aussi, par la première collaboration avec Luce, c’est à la condition d’avoir la main sur tout l’album qu’il est revenu aux commandes. «Chaud», bébé né de cette rencontre paradoxale entre exubérance et minimalisme, ressemble donc aux deux compères, entre sourires coquins et non sens assumé, décomplexé et chaleureux. A les voir tous les deux sur scène, on comprend mieux la complicité qui peut les unir, ce que chacun peut apporter à l’autre. Complémentaires et opposés, ils forment à deux un tout fait de sensibilité et de dinguerie, de théâtralité et de fluidité. Loin d’être artificielle, superficielle, la rencontre de Luce et Mathieu Boogaerts est de celles qui, sans en avoir l’air, coulent les fondations d’un édifice destiné à durer dans le temps. Parfois tendre, parfois explosif, «Chaud» est sans conteste un album qui correspond totalement à la personnalité de Luce et qui, pour peu que le public entre dans la danse et accepte de regarder au-delà des formatages habituels, pourrait connaître le succès qu’il mérite.
Mercredi 25 MARS /// 21h /// El Mediator /// PERPIGNAN
12€ à 15€ ///