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Il est des albums comme des êtres humains, certains s’apprivoisent de suite et d’autres demandent un peu plus d’attention, un peu plus de patience. A n’en pas douter “Elégie”, le troisième album de Katel fait partie de cette seconde catégorie. Parce qu’il est plus sensible, plus doux, plus délicat. Parce que sa dentelle musicale ne se laisse pas approcher avec rudesse mais avec tendresse. Presque timides, les chansons de l’opus se dévoilent derrière un voile de satin, nous prenant doucement par la main afin de nous aider à entrer dans cet univers fait de beauté et de vapeurs aériennes. Onze titres comme onze délicatesses, onze moments oniriques sublimés par la voix cristalline de Katel et portés par des nappes de claviers entêtants. Ici point d’envolée sauvage, nulle envie de combat, mais un désir visible de nous envelopper dans une ouate fragile, dans une rêverie magnifique, une plongée en apnée dans le deuil et le retour à la vie, deux faces d’une même pièce, d’une même existence secouée par des émotions fortes. Ces moments intimes, Katel nous les livre ici sans fard mais aussi avec une extrême pudeur, accompagnant ses mots, parfois intenses, de mélodies suaves, presque éthérées. De sa voix fragile, qu’on imagine pouvoir se briser à tout instant, elle nous entraîne dans un univers fait d’exigence et d’abandon, d’euphorie et de nostalgie, nous chuchote des mots émouvants comme s’il s’agissait de secrets inavouables. Loin des effets de manche de la pop actuelle, loin très loin des égéries rock plus ou moins artificielles, Katel nous offre, avec “Elégie”, un album d’une sincérité totale, voyage magnifique entre ombre et lumière, rêves et cauchemars, un disque qui se découvre peu à peu, plage après plage, pour nous envoûter et nous laisser, une trentaine de minutes plus tard, errant dans les limbes de nos songes, émus et séduits par de fragile rayon lumineux que nous venons de toucher du doigt fugitivement.
