Tagada Jones – « A feu et à sang »

Tagada Jones fait sonner les tambours du punk rock pour nous dégommer les tympans… et ça fait du bien !

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Parfois, alors que vient le temps de découvrir le nouvel opus d’un groupe que l’on aime, une petite pointe d’anxiété se fait jour. Le chemin suivi sera-t-il celui que l’on apprécie depuis X années ?… Les nouveaux titres seront-ils aussi forts, aussi percutants, arriveront-ils à renouveler la proposition du groupe sans pour autant s’éloigner de ce qui nous les a fait aimer ?… Ainsi fébrile – enfin pas trop quand même il ne faut pas exagérer ! – met-on « A feu et à sang » dans la platine à peine déballer de son blister… Quelques secondes à peine plus tard, nous voici pleinement rassurés, Tagada Jones n’a absolument pas mis de l’eau dans sa bière et bastonne toujours et encore, jouant fort, jouant vite, jouant brutal, mettant au service de ses mots qui claquent des rythmiques qui tranchent dans le vif. Ici, point de temps mort, point de demi-mesure mais en permanence le poing levé, rageur, prêt à en découdre face à ce monde qui déconne à plein tube, prêt à en mettre plein la tronche à tous ces cons qui nous pourrissent le quotidien. Et d’ailleurs c’est bien là que Tagada Jones excelle, à nous envoyer en pleine poire des scuds soniques qui décoiffent autant qu’ils donnent envie de bouger et d’aller se frotter à son voisin le plus immédiat. Cela fait quelques temps déjà – presque trente ans comme le temps passe vite ! – que la petite bande de nerveux emmenée par Niko a la rage et se garde bien – pour notre plus grand plaisir – de la garder prisonnière. Eux préfèrent largement la transformer en brûlots punk métal qui expriment des convictions fortes sans se soucier du politiquement correct, de la bienséance ou des conventions, qui passent en revue avec l’acuité de ceux qui voient au-delà des apparences et mettent systématiquement le doigt sur ce qui gratte, ce qui fait mal à sa société. Solide de bout en bout, « A feu et à sang » avance comme un bulldozer, enchaînant les titres agressifs, que l’on sent taillés pour enflammer les pits un peu partout, peuplés de rythmes hyper efficaces, véritables invitations au jump, au pogo ou au poing rageur le bras levé a minima. Tout au long de ces quatorze titres, Tagada Jones dresse un bilan de nos névroses sociétales, de nos dérives communes, de cette raison que l’on a jeté aux ordures pour laisser la place libre à la dérégulation, à la sauvagerie édictée en système, et le fait avec cette puissance, cette force qui depuis toujours lui sert de moteur. Nul n’échappe à la virulence de cette plume, à la pertinence du trait, mais loin d’être totalement sombre, l’opus réussit dans le même temps à ouvrir ici ou là quelques brèches dans les nuages noirs qui s’accumulent au-dessus de nos têtes. Oh, certes, ce n’est pas flagrant, il ne faut pas s’attendre à glisser vers le pastel, ce n’est pas le style de la maison, mais tout au long de l’album transpire – comme nous à l’écoute de chaque uppercut – l’idée que tout n’est pas totalement cramé, que l’on peut encore, si on s’en donne les moyens, laisser une chance à la nouvelle génération, celle qui nous enterrera non sans nous avoir reproché à juste titre nos erreurs, nos échecs. A toute vitesse, comme ses mélodies, Tagada Jones enquille les titres sans se poser de questions, invitant ici Didier Wampas, là les Bidons de l’An Fer, ne se « posant » finalement que pour un final qui prend un peu, un tout petit peu, plus son temps. A tel point, et c’est tout à l’honneur du groupe, qu’il est difficile de sortir un ou plusieurs titres du lot, même si l’on peut avoir quelques préférences – pour moi « Le dernier baril », « Des rires et des larmes », « La biche et le charognard », « La nouvelle génération » tout de suite suivis de tous les autres ! -, tant l’album est homogène et d’une cohérence absolue, nous coupant le souffle au premier titre pour ne nous laisser respirer qu’au dernier. De tout cela, on tirera une conclusion simple : Tagada Jones a réussi à nous pondre un album parfait, classique dans sa forme, percutant dans ses mots, dans ses rythmes, un disque qui fait du bruit et donne envie de crier haut et fort notre propre rage, un opus qui file de salutaires baffes à toutes les petites mauvaises odeurs qui se sont accumulées autour de nous, dantesque maelström sonore qui nous laisse aussi séchés que bourrés d’une énergie positive. En ces temps d’atonie confinée générale, qu’est-ce que ça fait comme bien !

 

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Tagada Jones – « Nous avons la rage »

Tagada Jones nous interroge sur cette rage que nous avons…

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Hors normes, Tagada Jones l’a toujours été et le reste envers et contre tout, portant haut le drapeau de la contestation – ou peut-être n’est-ce que celui du bon sens ! – à grands coups de riffs qui tabassent et de mots qui baffent toutes ces mauvaises odeurs qui fleurissent régulièrement dans notre beau pays et s’intensifient lorsque les temps deviennent de plus en plus sombres. Et même s’ils chantent, avec cette force inouïe que seule les convictions et la sincérité donnent,  « nous avons la rage » c’est comme un avertissement sans frais envoyé à tous ceux qui s’ingénient à nier les besoins de leurs peuples. Alors pour que cette haine, cette rage dans les yeux, ne se transforme pas en explosion incontrôlée et incontrôlable, peut-être serait-il temps que ce nouveau monde que l’on nous promet pour le jour d’après arrive vraiment dans les faits et pas juste dans les « beaux » discours… En attendant, on headbangera gentiment en écoutant ce premier extrait du nouvel album du combo breton  (« Hors Normes » à paraître à l’automne prochain) et en regardant son clip made in confinement avec des vrais gens dedans, de ceux qui sont la matière première des mots que chantent Niko…

En concert au Trianon (Paris) les 27 et 28 novembre 2020.

 

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