Actualité oblige, on en oublierait presque que dans le monde d’avant on pouvait, au détour d’une Fête de la Musique, être précipité dans un fleuve par la police, quitte à s’y noyer, quitte à en mourir. On en oublierait presque que fort peu furent ceux qui, dans le monde de ceux qui détiennent la vérité et la sagesse, se levèrent pour dire stop, pour condamner réellement et sincèrement une dérive inadmissible dans une société qui se veut moderne et civilisée. On en oublierait presque qu’à force de fermer les yeux, de ne rien dire, de ne pas nommer la réalité, le monde d’après pourrait fort bien ressembler au monde d’avant en pire. Alors, comme nous l’énonce avec force Gautier sans H dans « Où est Steve ? », peut-être sera-t-il trop tard pour se poser les questions qui comptent, celles qui déterminent des vies et des destins, peut-être ouvrirons-nous collectivement les yeux, qui sait, peut-être aurons-nous des Jaurès et des Voltaire pour changer le cours de notre histoire commune ?… Car nous sommes tous des Steve Maïa Caniço en puissance, rêveurs insouçiants pouvant être pris au piège sans le vouloir, sans le voir arriver, sans même avoir fait quelque chose de répréhensible. Rien pour cela, il nous faut rester les yeux ouverts et ne rien céder sur nos rêves et nos valeurs.