Là-haut, dans leurs tours d’ivoire, là où jamais n’entrent les moins que rien, là où jamais on entend la rumeur de la rue, là où la misère des uns fait le bonheur des autres, ils veulent creuser des fossés entre les tours et les pavillons, entre ceux qui ont tout et ceux qui ne sont rien, entre ceux qui passent toujours au travers des mailles du filet et ceux qui d’emblée sont coupables de tout. Peu importe d’où l’on vient, peu importe quelles sont les traditions dont on est issu, la terre sous nos pieds est la même et l’on est partout chez nous. Et si certains feignent de ne pas le comprendre, de ne pas l’entendre, heureusement il y a des voix telle que celle de Sebseb pour dire ces mots haut et bien fort, histoire que quelques oreilles s’ouvrent, que quelques consciences se réveillent. Certes, cela ne suffira peut-être pas à provoquer le grand soir mais au moins c’est une petite pierre nécessaire, vitale même, posée dans la chaussure de ces sachants si prétentieux qu’ils en oublient qu’ils nous ressemblent, une piqure de rappel en ces temps de somnolence généralisée. Car si l’on peut tous dire que l’on a la même terre nourricière sous nos pieds, combien sommes-nous à penser que nous avons une forme d’obligation morale à faire en sorte que les jeunes d’aujourd’hui, qu’ils s’appellent Sébastien, Mamadou, Salim, Kevin ou Romain, n’aient pas à vivre dans un ghetto, considérés comme des chiens à qui l’on donne, de temps à autre, un os à ronger. Rien de compliqué, rien de dangereux, juste ouvrir ses bras, son cœur et ne plus accepter l’inacceptable !