On a beau dire, on a beau faire, retourner le problème dans tous les sens, qu’on le veuille ou non, « le verbe » est plus fort que tout, plus fort que nous. Même dans une société obnubilée par l’image, parfois jusqu’à l’overdose, même dans un monde qui zappe et oublie pour ne pas avoir le temps de regarder la réalité en face, il est utile, vital peut-être même, de rappeler, comme nous le fait Sam Frank Blunier, que les mots ont une valeur, que le verbe sert mieux qu’une image à dire quelque chose, qu’on aime ou qu’on déteste, qu’on se sent bien ou que l’on a honte, qu’on aime être fou ou débarrassé des contraintes modernes, qu’un mot, un verbe, surtout lorsqu’il est porté par une mélodie peut au choix libérer ou transmettre, contrarier ou jouer les filles de l’air. Et quand il est porté par la poésie d’un mystic señor au phrasé aussi nonchalant que percutant, qui parfois à des accents thiéféniens (si tant est que cela puisse exister sur notre terre) ce verbe-là est bien plus grand que tout, bien plus grand que nous et nous emporte dans son aérien voyage vers le pays des mots qui s’entrechoquent, se frottent et se mélangent, pour mieux nous étourdir et nous faire vibrer…