Dans les yeux d’Arno, il y a des vies qui se heurtent, des destins qui chancèlent, des mères qui donnent envie de voir la mer, il y a des nuits passées à boire et à chanter, à se battre juste pour le plaisir de faire du bazar. Dans les yeux d’Arno, il y a des filles du bord de mer qui montrent leur derrière, des petits garçons qui n’ont pas envie d’être grands, des zorros et des danseuses de java, un Bon Dieu un peu seul du côté d’Ostende, il y a des chanteurs de salle de bains et d’autres qui changent les chansons, Martha la douce et Lola… Dans les yeux d’Arno, il y a mille parcours chaotiques qui se chevauchent, s’envolent en musique et finissent par donner le tournis. Dans ces yeux que l’on imagine fatigués par tant de kilomètres parcourus, tant de scènes foulées, il y a le temps qui passe et laisse des traces, du rock qui percute ou émeut, une tendresse folle bien cachée derrière une ironie douce, une folie passagère. L’homme est ainsi qu’il échappe à toute tentative de classification, à tout essai d’analyse. Arno est belge… et alors ?… Il pourrait être d’ici ou d’ailleurs, ne connaît pas les frontières et se joue des modes, transcende les genres pour tracer sa route en totale liberté, totale indépendance. Surréaliste jusqu’au bout des larmes, il nous parle d’amour et d’alcool, de vieillesse et de vie. Peu importe qu’il le fasse en anglais, en flamand ou en français, à chaque fois sa voix cassée, son corps toujours prêt à rompre, nous entraine au fond de ses failles, à la lisière de ses envies, nous prend par la main et nous laisse au bord d’un chemin peuplé d’ombres et de lumières, un sentier où la déprime se pare de couleurs joyeuses et où il fait bon se poser un verre à la main pour profiter de son iconoclaste verbe. Humain très « cognito », Arno fait partie de ces artistes fort rares qui savent partager leur folie, leur amour, leur ferveur. A chaque fois qu’il nous rend visite, le résultat est le même, nous voici transis d’admiration devant ce « vieux motherfucker », prêts à faire l’amour virtuellement avec lui pendant deux heures et en ressortir plein de cet appétit de vie, de ce désir épicurien qui le caractérise si bien. Quarante et quelques années que ça dure et qu’à chaque fois le plaisir est le même, intense, vibrant, presque irréel. Quarante et quelques années qu’Arno fait vivre l’utopie et nous offre l’immense cadeau de la partager avec nous. Rien que pour cela, on a envie de dire merci à ce magicien hautement décalé et partir encore longtemps avec lui faire un petit boogie-woogie chic et pas cher en ville…
MARDI 05 AVRIL /// 21h
EL MEDIATOR – avenue du Général Leclerc – PERPIGNAN
22€ (réduit) > 25€ (normal)