Dans ce monde qui va trop vite, se trouble et nous bouscule plus que de raison, quelle est belle la tentation de se perdre dans un passé forcément magnifié, un monde de souvenirs où l’on se délecte des sons et des images de l’enfance, de ces madeleines de Proust qui nous entraînent, nous les enfants perdus élevés au goût du macadam, à la recherche du temps perdu, là où l’on se délectait des images crados, où l’on vibrait aux facéties du Club Dorothée, où les maximonstres nous terrifiaient, où chacun pouvait déclencher une guerre des boutons avant de crier le plus fort possible pour voir les princesses sortir sur leur balcon. Avec les guerriers de l’âge béni de l’insouciance, avant, bien avant que l’adulte ne prenne le pouvoir, se dire qu’il est doux, comme nous le dit délicatement Renaud Druel alias MC Jesse avec ses complices (Anna Swieton au violon, Lyllou Chevalier à l’alto et Quentin Gendrot au violoncelle) de Coffees & Cigarettes, de se perdre dans le labyrinthe de Pan et s’y laisser porter par les flots tumultueux des souvenirs joyeux et des pépites d’un monde qui, depuis longtemps, a disparu. Doucement, caressé par ce duo cordes/voix, laisser notre esprit vagabonder dans ses propres nostalgies, lui ouvrir la porte d’un « Syndrome de Peter Pan » délicieux et merveilleux, moment suspendu dans une vie qui trop souvent fonce sans prendre le temps de se poser, de regarder en arrière. Qu’il est doux ce petit temps délicat où les mots nous prennent par la main pour nous redonner sans en avoir l’air notre âme d’enfant !