Jeter les mots contre un mur en espérant qu’ils trouvent un écho, qu’ils remettent les compteurs à zéro, effacent les douleurs et l’indicible sentiment de perte qui peut advenir lorsque l’on perd un être aimé. S’étourdir jusqu’au bout de la nuit dans les volutes d’une musique synthétique, pop aussi légère que l’humour est sombre, la laisser nous envahir, nous submerger pour que d’un coup d’un seul nos nuits fauves redeviennent des promesses de demain vivant. Tendre la main aux jours qui s’effilochent et leur hurler en douceur que le monde n’est plus le même depuis, qu’on regrette toutes heures où l’on buvait le dernier verre de trop sans se préoccuper du lendemain, où l’on prenait le dernier métro en sachant qu’il y en aurait des centaines d’autres, où les mégots que l’on écrasait racontait des histoires de super-héros. Et se dire que cette chienne d’histoire, celle d’Eliott Jane, comme celle de tant et tant de personnes avant et après elle, est aussi brutale que belle, intense que mélancolique, et donne une furieuse envie, face au destin, de lui chanter face contre face qu’entre lui et nous, c’est « à la vie, à la mort »…