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La nuit, lorsque les gueules cassées croisent les âmes brisées, lorsque tombe un voile de poussière sur nos tempêtes intérieures et nous pousse à errer à la recherche d’un sourire amical, lorsque passe l’effroi de nos craintes exacerbées, une voix parfois vient troubler notre silence livide pour nous compter “l’étrange comptine d’une fillette au visage blême”, une histoire pour empêcher tous les vauriens de dormir à grand renfort de scie musicale, une plongée en apnée vers les profondeurs de nos esprits noirs, où aucune lueur ne vient percer nos nuits en enfer, où seuls les mots de Gueule Nocturne, charon surfant sur une mélodie envoûtante, peuvent rompre le sort et transformer cette comptine en particules de rêves. Alors, de cet univers de bric et de broc, où trônent les objets improbables et les êtres en marge, émerge une poésie urbaine et fantastique qui nous happe et nous emporte vers ce petit matin blafard aux couleurs chagrin. Mais alors que résonne la voix rocailleuse de Gueule Nocturne, subsiste juste cette sensation étonnante d’avoir fait un tour étourdissant dans un monde hors normes aussi beau que rugueux, aussi sombre que magique… et d’avoir une furieuse envie de très vite remonter dans ce manège aux sublimes sensations.
