Ecrire un report sur un dimanche, a fortiori s’il est le dernier jour d’un festival et qu’en prime la pluie tombe, est toujours un exercice particulier, où les émotions bien souvent prennent le pas sur l’objectivité pure et dure… Ainsi, même si nous ne sommes à Limoux que depuis seulement deux jours, nous avons déjà l’impression d’être chez nous, les habitudes sont là, les bonjours et échanges amicaux, avec des personnes que nous connaissons peu mais que nous apprécions depuis le début, sont autant de petits rituels qui nous font nous sentir bien, tout simplement.
Nous sommes attendu en milieu d’après-midi pour la dernière conférence de presse, dans l’espace partenaires, où il nous est reporté les bons chiffres de fréquentation de cette année. Les organisateurs ont donc le sourire, même si, on ne va pas se mentir, ce soir il ne va pas y avoir la foule espérée. Avant de se rendre à ce rendez-vous, nous sommes passés furtivement devant la scène Effervescente où AGATHE DA RAMA donnait tout ce qu’elle pouvait devant un maigre public de courageux festivaliers venus si tôt braver la pluie qui venait juste de se calmer… Vu les conditions climatiques, nous ne pouvons que prendre pitié et lancer un sourire amical vers les artistes essayant de faire au mieux…
C’est à l’abri, sous le chapiteau de la grande scène que la fête continue, Collectif 13 prend le micro, à un, deux, trois, bref, à tous pour partager avec nous leurs textes revendicatifs. Parfois le poing levé, parfois le cœur sur la main, peu importe le moyen car les émotions passent. Même si, de temps en temps, la prestation est un peu brouillonne, que la mixité de style sur scène est déroutante, le public est là à reprendre en chœur les titres et à jouer avec les artistes.
C’est à ce moment là que nous avons dû enchainer les interviews programmées… Derniers moments aussi passés dans les loges avec les artistes, derniers échanges avec les autres journalistes – très peu nombreux ce dimanche, il est toujours assez regrettable de voir des confrères ne s’intéresser qu’aux têtes d’affiche du samedi et oublier de couvrir les soirs moins bancable. Parfois, l’on se dit qu’il ne sert à rien de brandir à tout bout de champs l’argument de la carte de presse si c’est pour faire le job à moitié voire au tiers !… En tout cas, chers fidèles lecteurs, vous le savez, ce n’est pas le style de la maison de ne pas couvrir un évènement dans son ensemble quand nous sommes si gentiment accueillis. Je profite donc de ce passage en coulisses pour remercier bénévoles, bureau de presse et organisateurs pour ce long bon week-end musical fort agréable.
Il est temps maintenant de retourner à la scène gratuite. Eh oui, ce soir on alterne entre la scène extérieure, Effervescente, et la grande scène pour les concerts de la soirée. Cela fait un peu tourner la tête aux agents de la sécu mais le bar, judicieusement placé entre les deux, y trouve son compte !… Donc, retour à cette scène pour découvrir un groupe de rock sans guitares électriques !… The Yellbows, au son des cuivres (trombone et soubassophone), du banjo (manié par le sosie du chef Etchebest) et de la percussion (impossible de vous donner le nom de l’instrument du leader du groupe, Stephan Notari) réussi en ce début de soirée d’automne à me transporter à la nouvelle Orléans avec des moments jazzy et aux confins de l’Afrique avec ses instants un peu plus blues…
On retourne dans le reggae avec Jahneration sur la grande scène. Ma complice Liza vous dira que le duo, fort bien épaulé par un band de haute volée, fonctionne à merveille et fournit son lot de bonnes vibrations qui retournent le public sans coup férir mais je dois vous avouer que je sature un peu du style, je m’éloigne un peu de la scène pour me poser et échanger avec les festivaliers sur leurs impressions de cette édition des Bulles Sonores… car mon avis est, comme vous le savez, parfois très tranché. Mais si vous écoutez celui du public vous pouvez être, parfois, surpris des retours. Ainsi, les spectateurs que je rencontre ont retenu du premier jour Le Trottoir d’en Face et La Rue Ketanou, alors que, pour le second soir, c’est Dub Inc et La P’tite Fumée qui font l’unanimité. Tous sont en tout cas d’accord : ils reviendront l’année prochaine parce qu’un festival aussi cool que les Bulles Sonores, dans le coin, ça n’existe pas !
En traversant une dernière fois le festival vers la scène Effervescente, je croise une demoiselle qui est trop contente d’avoir eu son selfie et un moment partagé avec l’artiste qui va monter sur scène, c’est ça aussi la magie des festivals familiaux, une proximité très appréciée. Le chanteur sympathique c’est Vanupié, qui, avec sa voix décalée, présente ses titres en toute simplicité devant nous. On aime sa délicatesse, on se laisse bercer par son flow, et on profite de l’avant dernier artiste de la soirée. Car oui, dimanche soir rime aussi avec lundi matin, et donc soirée qui se finit plus tôt !
Il est 20h45 quand les Ogres de Barback entrent en scène pour clore le festival. Un quart de siècle qu’ils passent de festivals en scène plus ou moins grande, plus ou moins prestigieuse. Alors pour ceux qui ne connaissent pas, et ils ne doivent pas être nombreux à lire ces mots, c’est un savant mélange de multiples sonorités instrumentales dont les membres du groupe manient à merveille les accords. C’est aussi un chanteur, qui ce soir avait la voix très enrouée, enchainant les compositions personnelles reprises avec un public de connaisseurs présent tout au-devant de scène.
C’est donc avec le sourire aux lèvres que nous quittons l’Aude et de merveilleux souvenirs que nous rentrons chez nous. Nous aussi, avons pris la décision de revenir l’année prochaine aux Bulles Sonores, ce festival hors saison qui, nous espérons, continuera dans le même excellent état d’esprit.
Report : Marc O. /// Photos : Liza Brume
un grand merci à Valérie et Alain pour leur hospitalité et leur gentillesse