Lorsque nous prend l’envie d’aller trainer nos carcasses fatiguées le long des routes, forcément écrasées de chaleurs, peuplant des terres arides et stériles, s’il y a une chose qu’il convient de choisir avec soin c’est la bande-son qui va nous accompagner tout au long de ce périple. Face à une nature hostile, fossoyeur de nombre d’illusions, une évidence résonne immédiatement à nos oreilles : il faut un son en adéquation avec la poussière, la chaleur, ce temps qui semble se rallonger à l’envi et à l’infini, une musique qui gratte, qui secoue, qui bouscule, un rythme qui fait vibrer mais colle les pieds au sol. Et dans ce rayon si particulier, comment ne pas d’emblée se sentir attiré par quelques « Barren lands » croqués par Maine In Havana, condensé rock qui met du gras sur le psyché, de la fuzz dans la folk et des cailloux dans la poche du blues, qui traine une voix d’outre-tombe n’ayant qu’une envie, nous prendre par la main pour nous entraîner vers l’abime. Avec la beauté du diable, ce trip, qui suinte et respire un rock aussi aride et magnifique que ces paysages désolés dont il s’inspire, est de ceux que l’on fait le regard perdu et dans un coin de l’esprit l’envie de s’y perdre à tout jamais.