Reggae Night /// El Mediator – 24/03/18

baware

Good vibes en série au Mediator pour cette Reggae Night printanière

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Il parait que c’est le printemps !… A en juger par la pluie battante et le froid quasi sibérien – non nous n’exagérons pas, il y avait au moins 10° au compteur extérieur ! – qui sévissaient dans la capitale nord-catalane, la question qui se posait en cette soirée était plutôt où il était parti se réfugier ce fameux printemps… Question cruciale dont nous avons eu la réponse en franchissant les portes du Mediator car c’est bel et bien dans l’antre des Musiques Actuelles que la douceur printanière s’était installée. Déco florale, lumières tamisées (presque partout), ambiance décontractée et sourires de rigueur, rien à dire c’est ici et nulle part ailleurs que la joie de vivre avait pris ses quartiers. Normal en somme car c’est au Mediator que l’on a la chance de vivre certains moments rares, petites parenthèses dans nos quotidiens fatigués… Des moments comme cette Reggae Night où allait se succéder trois générations d’artistes œuvrant dans cette zone musicale trop souvent méprisée par les faiseurs de hype mais qui sait si bien fournir de bonnes vibrations et une tonne de chaleur humaine. Les 850 personnes venues remplir la salle perpignanaise sont là pour le confirmer, rien de tel qu’une – voire trois – bonne tranche de reggae pour s’évader et faire le plein de bonne énergie…

GHETTO STUDIO

Ouvrir le bal devant deux « légendes » n’est pas chose aisée on le sait. Pourtant, avec leur énergie, leur fraîcheur et leur envie d’avaler le monde, les Ghetto Studio ont su relever le gant de fort belle manière. Bien en place, musicalement extrêmement riche, sachant alterner moments chaloupés et zones plus rythmées, leur univers a d’emblée conquis un public qui, fort logiquement compte-tenu de la jeunesse du groupe, ne les connaissait pas forcément. Avec ses titres explorant toute la palette musicale, ses textes tour à tour en catalan et en français, Ghetto Studio a montré en quelques minutes seulement à quel point sa proposition pouvait être novatrice et enthousiasmante. Visiblement tous heureux d’être là, même si ici ou là, dans certaines interactions manquantes, on pouvait sentir un peu de légitime appréhension, ils ont su défendre avec brio ce premier EP dont ils fêtaient fort logiquement la sortie le soir-même, alignant les morceaux groovy et amenant doucement mais sûrement le public à bouger et danser. On le dit souvent à tort mais avec Ghetto Studio la réalité est là, nous tenons peut-être bien l’un des meilleurs espoirs de la musique nord-catalane… En tout cas, un groupe à suivre de près…

LES 100 GRAMMES DE TÊTES

20 ans !… 20 ans que ça dure et que les 100 Grammes de Têtes nous balancent des petits bijoux de reggae ska à intervalles réguliers. 20 ans certes mais, il faut bien se l’avouer, une légère mise en retrait ces dernières années qui nous les avait fait sortir de nos écrans radar. Autant dire que ce retour sur le devant de la scène lors de cette Reggae Night était attendu de pied ferme par les fans du groupe mais aussi par ceux qui n’avaient eu que peu ou pas l’occasion de se mettre leurs titres dans les oreilles. Le moins que l’on puisse dire, après une bonne heure de faïa, c’est que les aînés des 100G en ont encore pas mal sous le pied. Ca groove, ça ondule, ça steady, c’est rythmé et dansant, clairement après 20 ans la foi est toujours là et permet au groupe de continuer à envoyer du bois. A l’exception d’un inédit tout chaud composé, nulle nouveauté à se mettre sous la dent pour cette soirée qui donne le coup d’envoi d’une année pleine entre ressortie des albums, parution d’un best of et mise en orbite d’un nouvel opus en 2019, et pourtant le plaisir était là, sur scène et dans cette salle chauffée à blanc et ondulant d’une gigantesque vague de plaisir. Avec un batteur récemment arrivé dans le gang et une guitare ayant décidé de laisser ses cordes partir en vadrouille, on aurait pu penser que la fête serait moins folle. Que nenni, c’est à une véritable déferlantes de pures vibrations reggae et ska que l’on a été soumis, effet renforcé lorsque Nico, ancestral chanteur du crew, vint nous asséner quelques extraits du plus effet ska festif, prenant avec un sourire gigantesque ces notes qui venaient nous frapper à toute vitesse. Un retour comme ça, franchement, on en veut tous les jours tellement ce fut bon… Comme quoi, au pays de la hype éphémère et des modes marketées suivies par quelques vendeurs de yaourts, c’est encore entre vieux potes qu’on fait la meilleure musique !

PABLO MOSES

D’emblée le ton est donné par l’intéressé lui-même, nous sommes en face d’un warrior rasta, d’un exemplaire rare d’artiste sachant que le fond est toujours plus important que la forme et que la musique n’est finalement là que pour porter un discours fort et impactant. Légende vivante du reggae, Pablo Moses ne cherche pas à bluffer, à en rajouter, il est lui, tout simplement et ce simple fait frise le génie. Peu importe le poids des années, accompagné de son fabuleux backing band, ce Handcart qui sait si bien ce que le groove veut dire !, il déroule en toute simplicité, et avec un sens rare du contact avec le public, un set où se mêlent à la perfection les titres de son nouvel album, « The Intinuation », et ces morceaux plus anciens qui ont assis sa légende. Epaulé par ses musiciens hors pairs, Pablo Moses peut ainsi nous caresser de sa voix entre toutes reconnaissable tout en instillant en nous les germes de cette révolution pacifique qu’il porte depuis si longtemps maintenant. Il n’aura d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour voir le Mediator onduler de bonheur et les murs trembler sous l’effet des bonnes vibrations environnantes. Un titre à peine et les 850 têtes déjà bougeaient à l’unisson, les bras se levaient et les sourires se formaient pour ne plus quitter des visages parfois un peu fatigués. Du haut de ses 70 ans, le rastafari n’aura eu de cesse, ensuite, d’enfoncer le clou à grand renfort de titres sincères et envoûtants, pour porter la salle à incandescence, laissant quelques dizaines de minutes plus tard, un public heureux d’avoir ainsi pu partager un moment aussi fabuleux. Quand le fond et la forme se rejoignent dans une telle perfection, difficile de ne pas être admiratif et se dire, à l’instar de ceux qui nous entouraient, que l’on venait de vivre un concert de rêve, de ceux qui restent en nous longtemps et nous redonnent, chaque fois qu’on y repense, un merveilleux sourire…

Un grand merci à Julien pour avoir goupillé cette Reggae Night et à toute l’équipe du Mediator pour son accueil comme d’hab’ aux petits oignons…

photos : Elisabeth Porcher
report : Thierry

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