Depuis qu’un beau jour, ou peut-être était-ce une nuit allez savoir, il nous envoya une lettre fraîche et joyeuse, Renan Luce occupe une place à part dans notre cœur. Il faut dire que là où tant et tant d’autres jouent la surenchère, le buzz ou la provocation plus ou moins consciente, lui se le joue profil bas, préférant mettre en avant sa musique et ses mélodies simples et sympas. C’est bien là d’ailleurs que réside la force de Renan Luce, dans cette capacité à imaginer et proposer des chansons de rien, des petits contes optimistes qui n’ont pas, a priori, vocation à révolutionner le monde de la musique mais qui font un bien fou lorsqu’on les écoute.
Certes, on imagine bien que les tenants d’une presse intello-bobo-prétentieuse auront beau jeu de le cataloguer chanteur de variété, avec tout ce que cela comporte comme mépris et condescendance. Lui s’en fiche, et nous aussi d’ailleurs, continuant à tracer son petit bonhomme de chemin en nous offrant des chansons aptes à nous (re)donner le sourire même en des temps difficiles, affichant des scores dans les charts à faire pâlir d’envie tous les Biolay de la terre, et remplissant tournée après tournée toutes les salles où il se produit, des plus petites aux plus grandes. Nul besoin d’aller chercher très loin les raisons à cela car, qui n’a pas fredonné un jour en les entendant en radio ou au hasard d’un zapping «Les voisines» ou «La lettre», «La fille de la bande», «On est pas à une bêtise près» ou plus récemment «Appelle-moi quand tu te réveilles» et «La boîte», ces chansons que d’aucuns qualifieraient de petites mais que nous, nous appellerons des jolis moments ?…
La recette en est, elle, effectivement simple. Des mélodies entraînantes à base de tempos rapides, des mots qui font mouche et touchent, un sourire franc qui s’entend et beaucoup, beaucoup d’émotion. Son nouvel album, le troisième en huit ans !, «D’une tonne à un tout petit poids» confirme d’ailleurs cela avec talent, prouvant si besoin était à quel point il est doué pour écrire des morceaux qui immédiatement nous parlent, nous embarquent. Ils ne sont pas nombreux ceux qui, comme lui, savent ainsi planter le décor en quelques phrases, nous plonger dans des atmosphères délicates et sensibles sans que l’on ne s’en rende compte, aligner les mots, truculents ou délicats, sans que jamais cela ne paraisse artificiel ou calculé. Reconnaissable entre tous avec son phrasé si particulier, Renan Luce l’est aussi par son habitude de promener sa plume en toute liberté dans les styles, ajoutant ici ou là des sonorités folk, rock, sixties même à sa pop hexagonale. Peu importe le véhicule d’ailleurs car l’important est dans le voyage qu’il nous propose, dans cette rêverie éveillée à la découverte d’un imaginaire qui ressemble sous des aspects au notre. Est-ce l’influence de Peter Von Poehl, suédois spécialiste de la folk et producteur de son album, ou cette de sa récente paternité, mais on le sent désormais encore plus serein, plus léger face aux évènements, comme s’il se posait moins de questions sur ses envies, ses idées. Résultat, plus encore qu’avant, les dix titres de son dernier opus ressemblent à de magnifiques comptines, aux sujets toutefois loin d’être enfantins, que l’on aurait envie de reprendre en chœur avec lui.
C’est peut-être bien pour cela que, après l’avoir perdu de vue pendant presque quatre ans, le temps d’une tournée marathon, d’un bébé et d’un disque, on prend un plaisir non dissimulé à le retrouver aux quatre coins de la France, prêts à nous enthousiasmer pour ces histoires à tiroir et ses secrets pastels chuchotés à notre oreille comme autant de révélations. Entre candeur, mélancolie et légèreté, Renan Luce nous propose une belle balade entre amis, une promenade dans son monde, où tout est facile et coloré, un périple en optimisme qui réchauffe le cœur et met de bien belles étoiles dans les yeux.
Vendredi 06 MARS /// 20h30 /// Théâtre de l’Archipel – Le Grenat /// PERPIGNAN
19€>30€ /// réservations points habituels