Il pourrait être dix heures sur Terre ou juste deux minutes avant minuit, l’univers aurait pu tomber entre les mains d’autres créatures que les hommes pour éviter de courir à sa propre destruction, les hommes auraient pu faire autrement, différemment, ne pas toucher ce qu’il ne fallait pas souiller, prêcher le beau et le bon plutôt que l’égoïsme et la destruction, si seulement si tout avait été autrement, on pourrait aujourd’hui être sûrs que l’amour est le dernier refuge indestructible, quelle que soit sa couleur, quelle que soit son histoire, son genre et ses contours. On pourrait alors, à l’instar d’Antony Bellicourt, chanter d’une voix douce et caressante quelques mots durs, se servir d’une chanson sensible pour exprimer ces craintes que nous sommes tant à partager, accompagner un triste constat d’une mélodie délicate et en quelques minutes suspendues ne plus penser à nous, à nos erreurs, nos mystères, et ne garder que l’amour ou « ce qu’il en reste », ne plus imaginer que ceux qui nous suivront n’auront du monde que ce qu’il en reste, que ce que l’on a laissé debout.