Ce n’est pas parce que l’on est petit que rien ne nous touche vraiment, bien au contraire !… Ce n’est pas parce que l’on a grandi que l’on ne vit pas, toujours et encore, les mêmes drames, que l’on ne ressent pas les mêmes douleurs et que l’on a pas les mêmes angoisses. Petit, on a pas forcément les mots, le courage, les gestes qu’il faut, alors on subit, on accepte, on capitule devant la loi du plus fort, devant la force de la meute sauvage. Plus grand, on se dit souvent qu’il faut rompre le cercle infernal, casser cet enchaînement douloureux, sans pour autant passer de victime à bourreau. Et l’on avance, tant bien que mal, on se cogne au mur, on tombe, on se relève, on pleure bien sûr mais le plus possible en silence, pour ne pas procurer de la joie à ceux qui nous veulent du mal, on se construit peu à peu, comme on peut, sans pour autant réussir toujours à soigner ces blessures. Mais toujours résonne dans nos oreilles ces phrases plus ou moins entendues, plus ou moins prononcées par tel ou telle, bonne volonté qui nous dit « sois plus fort », « ne te laisse pas faire », « répond », ou un définitif « trouve-toi des amis » comme si c’était la solution, le remède à tous ces petits drames mineurs qui peuplent notre enfance timide et chahutée, sentences définitives tellement faciles pour ne pas voir, ne pas entendre, ne pas agir. Et puis un jour, par hasard ou presque – car y a-t-il vraiment des hasards dans nos existences ? – on tombe sur la voix de Claes qui, en quelques mots, quelques rimes, entre rap et pop, met des images sur nos destins assourdis, colle des couleurs sur ces dessins sépias que l’on a remisé bien profond dans notre mémoire. Lui, sans fard, sans agressivité, réussit l’impensable, trouver le chemin pour décrire cette cruauté enfantine, pour raconter ce sentiment de vulnérabilité que l’on peut ressentir lorsque l’on est seul, aux prises avec ces petites brutes profitant au maximum de l’impunité que leur offre la lâcheté de ceux, majoritaires, qui sont bien contents que ça tombe sur quelqu’un d’autre qu’eux. Alors, ça ne changera peut-être pas, sûrement pas, la façon d’être de ces inhumains mais au moins, par la magie de la musique, d’un texte fabuleusement bien écrit, cela ouvrira une petite porte dans l’esprit de ceux qui sont victimes de harcèlement et de brimades pour comprendre qu’ils ne sont pas seuls et que, parfois, souvent, en parler à quelqu’un de confiance peut changer les choses, changer la vie. Rien que pour cela, merci Claes !
Et comme le garçon fait bien les choses, mettant actes et paroles en accords majeurs, tous les droits de ce titre, que nous vous encourageons donc à voir, revoir, partager, acheter, seront reversés à l’association « Marion, la Main Tendue » qui lutte contre le harcèlement scolaire, qui utilisera également le clip dans ses ateliers pédagogiques et ses interventions auprès des élèves comme un outil de prévention et de communication.