Dans la ronde des festivals qui pointe le bout de son nez, certains, plus que d’autres, ont une place à part dans nos cœurs. Parce que leur ADN correspond au notre, parce que la qualité de leur programmation ne varie pas d’une année sur l’autre, parce que, petits au milieu des grands, ils font figure de village d’Astérix qu’il convient de défendre bec et ongles dans un monde en profonde mutation. Perdu tout en bas, oui là-bas, au bout du bout de l’extrême sud de l’Hexagone continental, chaque année la petite ville de Maury (Pyrénées-Orientales) invite les voix féminines les plus belles, les plus intéressantes, les plus hype. Les vertes montagnes en fond, le festival Voix de Femmes trace ainsi sa route depuis belle lurette en accueillant les artistes qui font l’actualité mais aussi celles (et ceux parfois quand quelques hommes arrivent à partager la scène) qui sont l’avenir. Et cette édition 2019 ne déroge pas à la règle, le festival catalan ayant inscrit à son affiche aussi bien Zazie que Lou Doillon, Clara Luciani que Nach, et les émergents Lili Charles ou Elisa & Morgane… Il allait donc de soit que pour donner le top départ de notre saison festivalière, nous demandions à deux journalistes de choc (une et un pour respecter la parité) d’y aller de leur report en immersion…
Photos et récit : Liza Brume & Marc O.
“A l’annonce des artistes de cette première soirée “Voix de femmes 2019”, nous nous doutions que celle-ci serait bonne, peut-être même plus… et nous n’avons pas été déçu !… Un site, celui de Maury, avec de magnifiques montagnes à perte de vue, de quoi nous sustenter avec moult produits de qualités, un accueil des plus sympathiques par tous ceux, bénévoles, qui œuvrent à la réussite de cet événement, du soleil et une douce chaleur, tout était réuni pour faire de cette première soirée une franche et massive fête musicale.
Après avoir pris nos marques et fais le tour du site, retrouvant ça et là les têtes connues et vues aussi bien les années précédentes que sur d’autres festivals (le monde est si petit finalement !), nous voici en attente de Nach. Seule derrière son piano, la pétillante soeur de -M- va nous offrir un début de soirée tout en douceur, débutant avec le tendre “Si jamais tu me touches” puis nous embarquant à sa suite sur un petit nuage pointant son nez “A l’horizon”… La suite sera un savant mélange de titres doux et – parfois – mélancoliques et de morceaux plus rythmés, nous régalant même, entre deux créations personnelles, d’une sublime reprise de “La nuit je mens “ d’Alain Bashung. Sensible et puissante, douce et énergique, le set tout entier aura résonné de ce contraste parfaitement maîtrisé, de cette voix qui sait si bien insuffler en nous de la gaieté, de l’énergie. Autant dire que comme mise en bouche, nous n’en demandions pas plus et avons été comblés…
Immédiatement après, sur la scène émergente – qui contrairement aux années précédentes est une “vraie” scène avec régie son et lumières, on ne peut donc que saluer l’effort du festival de mettre encore mieux en lumière les artistes qui s’y produisent ! – débarque la fratrie Lili Charles. Comme à leur habitude, les régionaux de l’étape ont une pêche et une énergie débordante, chaque parcelle de leur jeunesse, du sol jusqu’au bouclettes, diffusant leur peps et leur plaisir visible d’être là ce soir. Et si le public est dubitatif au début, comment passer sous silence ce crescendo participatif qui, au fur et a mesure, l’a amené à entrer dans l’univers du groupe et à le soutenir comme il se doit. Méritant largement sa place, même si le timbre de Charles est forcément un petit peu trop masculin pour être qualifié de voix de femme, Lili Charles, tantôt énergique tantôt apaisant, montre à quel point son univers pop rock est à même de remporter tous les suffrages et conquérir les cœurs. De l’avis général, cette découverte – pour beaucoup – du soir a été une excellente surprise et, notamment grâce à l’explosive prestation de Aurélie et Charles, aura permis au groupe d’engranger de nombreux nouveaux fans…
Quelques minutes à peine après la sortie de scène de Lili Charles, c’est devant un public chaud bouillant que Zazie fait son entrée, déboulant sur scène chapeau de cowboy bien posé sur la tête et voix tonitruante en avant. Contrairement à ce que, naïvement, nous aurions pu imaginer, son show ne débute pas par ses tubes les plus connus mais par des morceaux du dernier album, forcément moins ancrés dans la tête du public, comme “Garde la pose“ qui vont doucement installer une atmosphère – tout en permettant à notre team de photographes de se réjouir de quelques clichés sympathiques ! – propice à l’écoute et au partage. Puis arrive rapidement le moment où les tubes de la star arrivent au galop et sont repris en chœur par un public complètement dévoué à sa cause. Petit aparté d’ailleurs au sujet de ce public, en grande partie féminine, venu en masse, la billetterie affichait ainsi complet, aussi énergique que respectueux, dans le partage et dans la bonne humeur, loin, très loin de certains autres événements où l’égoïsme semble prendre une part de plus en plus grande. Mais revenons à Zazie… Nous avions, pour avoir déjà assisté à l’un de ses concerts il y a quelques années, quelques craintes quant à sa forme, son envie, toutes ces petites choses nées du temps qui passe et qui, sans que l’on ne s’en aperçoive, émoussent l’artiste et sa capacité à nous embarquer avec énergie dans son monde. En quelques minutes, nous avons été plus que rassurés car tout en légèreté et en gaieté, Zazie nous a régalés, entre jeu scénique travaillé à la perfection et apartés clin d’œil, ne relâchant jamais la pression et, heureuse d’être sur la scène de Maury, offrant à son public un concert très, très haut de gamme. En grande dame, simple et généreuse, comment ne pas souligner ses aimables compliments en direction de Lili Charles qui l’a précédée ou ses petites attentions envers les «Pyrénées-Orientaux». Au final, Zazie aura de ce concert un moment privilégié pour chacun de ses spectateurs, l’un de ces petits instants de pur bonheur que l’on savoure pleinement en direct et qui, par la suite, continue à nous donner le sourire à chaque fois que l’on y repense. C’est au son d’un “Rodéo“ qu’elle nous quitte, nous laissant ravis de ce – trop court – moment partagé et tout impatients de revenir demain pour la suite du festival. Car à n’en pas douter, avec Clara Luciani et Lou Doillon à la barre de cette deuxième (et dernière) journée de Voix de Femmes, nous devrions ressentir encore quelques beaux frissons… A suivre, donc…