Certains vieux briscards – dont nous sommes ce que nous rappelle régulièrement nos vertèbres et cervicales maltraitées – s’en souviennent encore mais il fut une période joyeuse entre toutes où il suffisait de connaître deux trois accords, d’avoir quelque chose à dire (ou pas d’ailleurs) et surtout d’avoir envie de s’amuser, pour que l’aventure musicale soit d’actualité. C’est ainsi que naquirent à la fin des années 70 des groupes majeurs tels que La Souris Déglinguée, Starshooter, Skinty Toys ou bien encore Métal Urbain. C’est également comme cela qu’émergèrent un peu plus tard les Béru, Warum Joe, Ludwig von 88 (trio toujours en activité puisqu’à l’affiche du prochain Reggae Sun Ska Festival), Parabellum, Garçons Bouchers et autres Vampires. Introduction un peu longue certes – mais comme c’est ma chronique je fais ce que je veux ! -, pour dire que depuis un bon bout de temps déjà la musique qui défrise les crêtes a droit de cité sous nos latitudes. Même si, il faut bien le reconnaître, le rouleau compresseur FM a contribué ces dernières années à aseptiser l’offre musicale et réussi à décourager nombre de combos de cette mouvance. A tel point d’ailleurs que le chroniqueur croulant sous les albums qu’est votre serviteur n’a plus grand chose de punk rock à se mettre dans les oreilles depuis fort longtemps. Aussi, quand déboule « Laissez-moi » du trio perpignanais Les Seconds Couteaux, le premier réflexe est de se dire, « chouette, même si c’est pas terrible terrible, ça va faire un peu de bien par où ça passe ». Puis vient le temps de l’écoute et la claque. Ces trois-là sont de redoutables activistes de la cause. En cinq morceaux, pas un de plus – et croyez-moi je le regrette amèrement -, ils nous font faire un beau voyage dans le temps, à une époque où les riffs savaient se faire puissants, rentre-dedans sans pour autant se prendre au sérieux ou surjouer la virtuosité. Ici les mélodies sont efficaces et ne cherchent pas la petite bête, elles servent une seule et même cause, un seul et même objectif, nous faire bouger la tête. En français, ce qui une bonne idée pour qui a envie de raconter des choses un tout petit plus profondes que le devenir du poulpe en milieu urbain, les textes se font malins, cachant derrière un humour bon enfant quelques revendications et engagements qui font également du bien en ces temps de révoltes virtuelles. Ici le rock est power, le punk est une référence assumée et digérée, une base pour une musique qui n’a peur de rien et enfonce l’épingle à nourrice dans les narines du bon goût. Cinq petits titres et nous voici conquis, prêts à écouter la chose en boucle, craquant sur « Basta » et « Fier de n’avoir rien fait », nous rappelant avec émotion – oui, oui, cette petite larme suintante dûe à notre grand âge autant qu’à un rhume persistant ! – ce passé glorieux où le rock’n’roll faisait semblant d’être une grande escroquerie pour mieux nous faire pogoter, cette époque merveilleuse où l’on pouvait se démolir les cervicales à grands coups de Ramones, de Sex Pistoles et autres Damned. A écouter ces Seconds Couteaux, on se dit que, toutes proportions et raison gardées, on en est pas si loin et qu’en prenant du plaisir à nous asséner leurs riffs simples et spontanés, Rémi Jérôme et Jérôme ont trouvé un bon moyen pour dépoussiérer un peu nos oreilles sursaturées de soupes préformatées. Rien que pour cela, on a envie de les remercier et leur dire qu’ils peuvent être fiers d’avoir fait cet uppercut sonique qu’est « Laissez-moi ». Reste maintenant à lui donner un grand frère car comme on dit, plus c’est long plus c’est bon ! (enfin pas toujours mais ceci est autre histoire !) LES SECONDS COUTEAUX – « Laissez-moi » 1. Basta Envie de vous procurer cet album ?… Pourquoi pas ici >>> Cougouyou Music – 15 rue de la Cloche d’Or – Perpignan et sur www.lessecondscouteaux.com |