Moriarty

Trois ans après « The Missing Room », superbe album aux sonorités venues de partout et de nulle part, et un an après « Fugitives », plongée étourdissante dans le répertoire folk traditionnel, Moriarty est revenu au printemps avec un opus, « Epitath », synthèse d’une création en mouvement, ne s’arrêtant jamais, un “bricolage“ de morceaux créés sur la route, de notes imaginées au bord d’un chemin et trouvant naturellement leur place dans un univers foisonnant et entraînant. Le collectif et sa chanteuse Rosemary Stanley nous offrent a contrario d’un titre tout sauf optimiste un album lumineux, fait de tous ces petits morceaux composés au fil du temps et laissés de côté. Les sortant de l’ombre, le groupe en a tiré treize titres jazz et folk, blues et world, treize chansons magnétiques, avec en fil conducteur l’au-delà et les passages entre le monde des vivants et celui des morts. Une thématique sombre pour un album qui, lui, s’avère joyeux et presque pourrait-on dire dansant. Cet «Epitath» que nous propose Moriarty est en tout cas l’un des plus beaux qui soit et trouvera forcément sur scène, là où finalement il a débuté, l’espace nécessaire et vital à son épanouissement. Mélange de blues, folk et country, fusion magique de mélancolie et d’énergie, l’univers de Moriarty nous invite à un beau voyage dans le temps, à cette période étrange où la musique était encore faite par des artisans avec passion et imagination.

HARLAN T. BOBO

Qu’il joue seul ou en compagnie d’une jolie bande de furieux, Harlan T. Bobo n’a pas besoin d’artifices pour nous embarquer dans son monde et faire bouger frénétiquement nos petites têtes. Lui qui a écumé la scène underground de Memphis dans les années 90 avant de venir se poser (on ne sait trop comment mais quelle chance pour nous !) sur nos terres, il délivre sa musique viscérale désormais de ce côté-ci de l’Atlantique, bousculant nos petites certitudes, nos petites habitudes en mâtinant son rock de blues, sa folk de garage, traçant sa route sans ressembler à personne et sans se poser de questions si ce n’est celle de savoir comment nous offrir encore et toujours des compos fabuleuses et lumineuses. Sobre et cabossé, l’univers d’Harlan T. Bobo sent autant le Jack Daniel’s que les lendemains qui chantent, les rêves qui se brisent que ceux qui se réalisent. De quoi nous retourner la tête de la meilleure façon qui soit avant de nous lover dans la douceur de Moriarty…