Dans cette Italie fort ancienne, les corps usées par tant de labeurs difficiles appelaient à la liberté, au repos si espéré toujours repoussé, à des conditions de vie moins dures, à un peu plus d’argent. De ces mondines courbées jour après jour dans les rizières italiennes, est monté un cri, un chant, une chanson de révolte, ce « Bella Ciao » que l’actualité récente a remis sur le devant de l’actualité, quitte parfois à en dénaturer le sens, et qui, aujourd’hui encore, peut, s’il est compris et correctement porté, faire sens. En cela, Ratel C a su, en l’adaptant et lui offrant une entêtante mélodie presque lancinante, en tout cas en adéquation avec la dureté du message, lui donner un corps, une puissance presque paradoxale, et, ce faisant, nous procurer quelques beaux frissons. De sa voix en équilibre, l’artiste flirte avec les limites pour mieux nous embarquer dans son monde où les mots contredisent la douceur de la mélodie, où le sens vient percuter nos sens apaisés. Et au final nous offre un doux tourment qui nous touche et nous transporte en une autre ère, un autre lieu, tout en restant posé dans notre monde contemporain aussi fou que difficile à supporter, comme un reflet de nos vies bousculées et une merveilleuse invitation à, à notre tour, lever le poing et nous rebeller.