Trois albums (« Spanish breakfast », « Tohu bohu » et « Creatures ») ont suffi au parisien Rone pour imposer son univers onirique sur la scène électro. Désormais, aux quatre coins du monde, lorsque vient l’envie de s’échapper un peu du quotidien, de se laisser bercer par des mélopées électroniques, de partir dans une rêverie douce et tendre, c’est souvent avec un album d’Erwan Castex qu’on le fait. Parce que ses morceaux jamais ne nous agressent ou nous poussent à des déchainements usants, parce que mieux que quiconque il sait capter l’humeur du temps pour la rendre obsessionnelle, aérienne, fusionnelle. Rone parle à nos sensations, flirte avec nos sens et les entraîne là où le spirituel se conjugue en mode humain. Sensible et électrisante, planante en diable, l’électro de Rone s’échappe de son monde pour aller explorer d’autres sonorités, parfois pop, parfois hip hop ou classique, pour ne pas se scléroser, pour rester en permanence en mouvement, là où la narration est la plus efficace et sa musique la plus impactante. Révélation de la scène électro française de cette dernière décennie, Rone attire désormais à lui les artistes les plus divers (d’Etienne Daho à François Mary de Frànçois and the Atlas Mountain en passant par Bryce Dessner de The National ou Gaspar Claus), électrise les scènes où il se produit, entre nécessité d’intimité et besoin de grands espaces, séduisant par sa simplicité et la puissance évocatrice de sa musique. Dans l’univers enchanté et féerique de Rone, on aime plus que tout se lover pour mieux se perdre, on adore passer de l’ombre la plus noire au soleil le plus joyeux, comme ça, d’un instant à l’autre, sans s’en apercevoir ou presque, avec en point de mire l’expérience fabuleuse de pouvoir quitter son corps et partir loin dans les étoiles. Parfois déroutante dans son approche expérimentale, l’électro de Rone est d’une incroyable richesse et, entre envolées lyriques et moments de pure douceur apaisante, brouille les pistes pour mieux nous plonger en plein rêve.
Les Bulles Sonores – Limoux
Samedi 24 octobre /// 00h