Que n’ont-ils pas entendu ces artistes à qui l’on a dit, comme à Turquoise M, qu’ils étaient trop ceci ou pas assez cela, qu’ils devaient faire évoluer leur projet pour être dans la norme, que leurs chansons auraient du mal à trouver un large public faute d’être dans l’air du temps, de plaire à la hype ou aux sachants !… Au fil du temps, on en a croisé de ces artistes qui sourient en entendant tant de formules définitives et, une fois le dos tourné, s’effondrent, se posant mille questions sur leur art et sa finalité, on en a côtoyé de ces artistes qui finissaient par partir faire autre chose de leur vie à force de se taper la tête contre le mur de nos idées définitives.
Et puis, et puis, il y a, de temps en temps, des êtres lumineux, sensibles et forts, qui décident de passer au-delà de tout ça et de continuer, vaille que vaille, contre vents et avis superficiels, de creuser un sillon qui ne cherche pas à plaire à tel ou tel mais à « juste » exprimer des émotions. Des artistes comme Turquoise M qui peuvent s’installer devant un “simple” piano et lui ouvrir son cœur, qui, en quelques notes délicates et mots d’une douce poésie, sans autre instrument, nous caressent et nous transportent dans une bulle ouatée où, enfin, le temps semble s’arrêter pour nous permettre de juste profiter de la beauté d’une mélodie, de la sensibilité de ces quelques mots d’amour.
Alors oui, peut-être bien que ce titre, « A mon piano », n’est pas le plus sautillant de l’année mais qu’il fait du bien au cœur et à l’âme, et que, en se foutant complètement des modes, en se “contentant” de sincérité, de poésie et d’une magnifique plume, un artiste peut tout à fait nous procurer de jolies émotions.