Avec leur album « Sounds of freedom », les bordelais d’Alam ont fait souffler un petit air frais sur le reggae français, offrant aux amateurs, mais pas que, quelques belles pépites qui ont ravi les oreilles bien au-delà de leurs frontières naturelles. Invité fort logiquement au Reggae Sun Ska, la grand messe reggae annuelle, le groupe en a profité, sous un soleil de plomb fondu, pour aller, avec la simplicité qui le caractérise, les journalistes et le public…
Quel effet ça fait lorsque l’on participe aux premières parties de ses idoles, tel que Tiken Jah Fakoly, Pablo Moses, Groundation ?
Music’action, qui est un producteur local très impliqué dans le développement des artistes de la région, nous a bien soutenus, surtout à nos débuts. Ils nous ont proposés ces premières parties et cela a été une grande fierté autant que de belles opportunités. Nous avons partagé ainsi des moments vrais avec eux, au-delà des rencontres, du fait de jouer ensemble, nous avons surtout beaucoup appris à leur contact, en écoutant leurs expériences, c’était juste magique. Surtout avec Pablo Moses que l’on écoute depuis notre plus tendre enfance.
Sur votre nouvel album, vous avez collaboré avec SOOM T, comment ça s’est passé ?… Et faisait elle partie de vos idoles ?
Marie : Pour ma part, je l’ai découverte il y a deux ans. C’est une artiste complète, comme pouvait l’être l’une de ses influences fortes Michael Jackson, qui sait jouer merveilleusement bien de sa voix. Je suis très heureuse de l’avoir rencontrée, d’avoir pu découvrir sa belle personnalité et de pouvoir entendre son flow sur « Sounds of freedom ». Cela a été une grande joie de pouvoir ainsi partager un morceau, plein d’énergie positive, avec elle sur notre dernier album. Avec Soom T, nous avons ressenti un feeling qui fait sens.
Manu : On espère d’ailleurs pouvoir tourner un clip avec elle sur «Freedom». Ce n’est pas toujours évident de s’organiser, à cause de nos emplois du temps respectifs et la distance qui nous sépare puisque Soom T vit à Bristol, en Angleterre. Nous allons voir cela après notre tournée, dans courant de l’hiver, et allons essayer de concrétiser ce beau projet.
Votre groupe, formé en 2007, est composé de six Bordelais. Comment vous êtes vous rencontrés, une anecdote à partager ?
Marie : Avec Manu, nous nous sommes rencontrés à Bordeaux par le biais de connaissances communes. Avec les autres, les rencontres se sont faites au fil de l’eau. Ainsi, avec le guitariste, qui fut pour la petite histoire le premier bassiste d’Alam, nous nous sommes rencontrés à Montalivet dans le Médoc. Je faisais des saisons ici, il y avait souvent des boeufs et des concerts reggae, il était donc facile de se croiser, de discuter et de jouer ensemble.
Parlez nous de votre dernier album, « Sounds of freedom »…
Il s’agit, comme pour beaucoup d’autres groupes, d’un travail d’équipe avec, en prime, la participation de Boris Arnaud, le bassiste du groupe Danakil qui nous a aidé à restructurer certains morceaux. Il nous a également proposé 3 riddims. Il a su comprendre l’identité d’Alam et, ainsi, mettre en valeur nos compositions. Bobby a mixé l’album. Ce qui aboutit à ce rendu final, c’est tout simplement une collaboration idéale. Alam entame un virage vers l’anglais, la musique Jamaïcaine et la soul, tout ce qui finalement colle avec notre univers musical, comme ceux qui sont venus, d’une façon ou d’une autre, participer à l’album. Aucune rencontre n’est venue par hasard, chacune nous a permis de franchir une étape…
Cela fait plus de 10 ans que vous existez, est-ce un cap pour un groupe ?
Manu : Il ne faut jamais dormir sur ses lauriers comme le dit si bien le dicton. Nous avons tourné sur 800 dates environ depuis 10 ans. Alors, nous veillons à faire en sorte d’être dans l’évolution constante. Cet album change de ce que l’on a produit avant. Les autres étaient une suite de morceaux. Celui-ci est différent je pense, plus mâture. Même la manière dont nous l’avons réalisé a été différente.
Marie : Oser, c’est en ça que l’album se différencie des précédents. Pour ma part, j’ai emmagasiné plein d’expériences, de tonalités dans ma voix et enfin j’ose sortir de mon confort vocal. La musique est un chemin de vie, tous nos albums ont mené jusqu’à celui-ci. On se sent tous à notre place au sein du groupe, l’osmose est réelle. Et ce tout crée un lien fort entre nous. Que ce soit sur la route, entre deux concerts, en studio ou en répète, on s’éclate et on rit ensemble. Chaque étape a été cruciale pour arriver à ce cap. Sans oublier les autres membres du groupe qui ont tous permis de faire évoluer Alam. Chaque musicien a apporté sa pierre à l’édifice et fait en sorte d’avoir aujourd’hui cette belle composition.
Justement qu’elle est votre vision de la liberté et est-elle assez bruyante à l’heure actuelle selon vous ?
Marie : C’est un bon terme pour définir ce que l’on a appris. Nous sommes enfin libres de nous exprimer. On assume pleinement nos paroles, notre musique, notre envie de partage. C’est aussi ce qui nous a amenés là. On fait tout en plus grand car nous sommes fiers de notre parcours. En tant que femme aussi, je me sens bien dans ma vie et ça y contribue sur scène, alors oui, ça rayonne et ça fait du bruit. Et tout le monde en a envie et c’est ça aussi la sensation de liberté.
Vous êtes sur la scène du RSS, quel est votre atout sur scène et que diriez-vous aux connaisseurs pour venir vous découvrir ?
Marie : Venir jouer dans un festival où le public nous choisit, c’est génial pour le groupe. On est ravis de savoir qu’ils viennent pour nous, en live. Mais comme ce sont des amateurs de reggae, certains viennent aussi nous découvrir à travers d’autres groupes.
Manu : On a participé aux éditions précédentes du festival, parfois devant la scène ou ailleurs, à la technique ou aux loges comme en 2011. Le Reggae Sun Ska est donc un festival où l’on se sent comme chez nous. Alors jouer ici, c’est aussi notre fierté.
Photos et interviews : Liza Brume