Après une escapade du côté du Grenat, nous voici donc de retour dans l’antre des musiques actuelles histoire de partir à la découverte de ce que l’on nous promet comme étant l’une des plus belles expériences musical-visuelles à faire. Avant cela, comme il est de tradition, l’on se pose tranquillement pour découvrir Pierre Mottron qui a la lourde tâche de « chauffer » l’assistance, fort maigre en lever de rideau il nous faut bien l’admettre !… Quoique, chauffer est un terme un tantinet excessif pour cette musique qui, entre électro, folk et pop, appelle plus à une douce rêverie qu’à un furieux headbanging !… Quelle est ardue la mission de se produire, comme il le fait ce soir, en solo avec juste un clavier, un mac et une boucle, pour créer une montée en puissance permettant à EZ3kiel de débuter dans les meilleures conditions qui soient. Et force est de constater que le tourangeau n’y parviendra pas totalement. Non que sa performance soit mauvaise ou mineure, mais tout simplement par manque de réelle cohérence entre les deux univers, même s’il chante sur l’un des titres d’EZ3kiel. Reste malgré tout qu’une fois posé devant lui, on se retrouve capté par son esthétique, sa façon délicate et élégante de chanter, tout en nuances et en douceur. Sans en rajouter, en quelques titres seulement – et malgré un petit souci technique au milieu de son set ! – Pierre Mottron nous entraîne dans un beau voyage poétique, lumineux et épuré, de ceux qui nous prennent pas surprise et nous laissent de jolis souvenirs en tête pendant un bon bout de temps…
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Fort heureusement, la salle se remplit un peu à l’issue du set de Pierre Mottron même si, on se demande bien pourquoi, le Mediator ne sera pas ce soir aussi plein qu’on pourrait l’espérer devant une telle proposition musicale. Avec « L.U.X. », cette lumière qui va si bien porter son nom lors des minutes qui vont suivre, EZ3kiel a produit un album totalement maîtrisé, condensé de ce que le groupe sait faire de mieux, à savoir une fusion idéal entre gros riffs lourds et sonorités électro d’une folle sensualité. Le départ de son batteur – et co-fondateur Mathieu Fays – pouvait nous faire craindre une certaine fragilité, un déséquilibre dans cette machine parfaitement huilée. Dès les premières minutes de ce concert, nous voici pleinement rassurés, EZ3kiel à trois vaut autant qu’à 4 ou plus et le passage de Stéphane Babiaud derrière les fûts est une pleine et entière réussite. 1h40 et quelques durant, le groupe nous envoie de monstrueux morceaux qui prennent sur scène une ampleur rare. Des titres issus, bien sûr, du nouvel album, ici joué en intégralité, mais aussi de plus vieux, assez peu tout de même mais dont on retiendra le furieux « Versus », que le trio s’ingénue à décaler un peu, pas beaucoup, juste ce qu’il faut pour nous surprendre et nous afficher un beau sourire de contentement sur les lèvres. Car c’est bien là l’une des forces du combo, nous étonner, nous bluffer. Musicalement, cela va de soi avec ces morceaux agressifs, puissants, lourds comme le métal en fusion, ou, de temps à autres, légers et vaporeux, d’une sensibilité que l’on n’imaginait pas trente secondes auparavant. Mais aussi visuellement car le groupe a mis les petits plats dans les très grands. Cauchemar pour tous les photographes de presse, la scénographie du groupe intègre en effet pas moins d’une cinquantaine de lights rotatifs, à la fois lumière, laser et écrans, le tout bougeant au gré des morceaux et réagissant en temps réel à la musique qui coule dans nos oreilles. Etourdissants, ces jeux de lumière, qui paradoxalement mettent les musiciens quasiment tout le temps dans l’ombre, contribuent à nous couper de la réalité et créent cette alchimie si particulière qui est le propre d’EZ3kiel. Fusionnant la musique – exclusivement instrumentale à une exception près – et la lumière, le groupe nous offre une expérience unique, celle de pouvoir vivre un moment bourré d’émotions parfois contradictoires, entre déluge de riffs acérés et ballades aériennes. Et si le gros son qui claque, au final, gagne la partie haut la main, le trip aura été étourdissant, parfois déconcertant mais toujours, toujours enivrant. Rares sont les groupes comme EZ3kiel pouvant se targuer ces derniers temps de nous en avoir mis plein les yeux et les oreilles en même temps !… Avec son set en forme d’explosion sonique et lumineuse, le trio aura emporté la mise sans la moindre contestation possible, nous laissant les oreilles sifflantes et le regard abasourdi par un tel brio et un show aussi parfaitement calibré. Un tel voyage hors du temps et de l’espace est rare, irréel, presque magique, et nous donne une seule envie, remettre ça le plus vite possible !
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un grand merci à toute l’équipe du Mediator pour son accueil et son aide…