Un choc. Une vague déferlante qui vous submerge et emporte toutes vos idées préconçues sur son passage. Une coulée de lave qui vous entoure et ne vous laisse aucune échappatoire. Honeymoonshaker c’est cela. Un tourbillon fou qui nous emmène loin, très loin des sentiers battus et rebattus du rock, du blues ou de la pop. Ces deux-là, puisque Dave Crowe et Andy Balcon n’ont besoin de personne d’autre pour nous asséner leur uppercut musical, ont réussi à trouver l’alchimie parfaite, le mélange détonnant qui scotche irrémédiablement l’auditoire dès les premières notes et les entraîne dans un monde qui sent le souffre et la folie, dans un univers écorché vif d’où éclôt paradoxalement une vibrante poésie. D’un côté un human beatbox survolté, capable de filer des frissons même à une brouette, dont l’organe vocal semble n’avoir aucune limite, un artiste qui suinte l’animalité et la puissance. De l’autre, un guitariste qui maîtrise à la perfection les codes du blues et du rock, vibrant de mille pulsions frissonnantes. La rencontre des deux, au hasard d’une vie de musiciens de rue en Nouvelle Zélande tout d’abord puis en Suède quelques années plus tard, bouscule nos habitudes et nous propulse au nirvana sonore. D’une intensité folle, qui pourtant n’annihile jamais l’émotion véhiculée par les mélodies, leurs titres sont autant de bombes à fragmentation qui dévastent tout sur leur passage. Après un premier EP, « Shakerism », claquant et clinquant, le duo nous a offert en fin d’année dernière un album, « Noir », dans lequel il est difficile de trouver un maillon faible. Qu’ils s’envolent vers les sommets ou se lovent tendrement dans l’intime, chacune des douze pistes de cet opus est une pépite que l’on savoure encore et encore. A tel point que l’on pourrait se demander, pourquoi pas, si leur passage sur scène ne pouvait être un handicap. Très rapidement, fort heureusement, vient la confirmation que ces deux anglais n’ont besoin que d’être deux sur scène pour transformer celle-ci en terre de conquête. En osmose totale, ne se marchant jamais sur les baskets, les deux complices nous offrent une lecture hors normes de ce que peut être le blues rock, une plongée faite de gros riffs surpuissants et de rythmes scandés qui déclenchent la transe. Viscéral et hallucinant, voire hallucinatoire, l’univers des Heymoonshaker oscille entre choc et éblouissement, maîtrise et envolées rageuses, procure des sensations fortes et contradictoires, nées du produit du désir et de la tension. Deux artistes singuliers et impressionnants, il ne faut rien de plus, finalement, pour obtenir l’une des meilleures et enthousiasmantes propositions musicales de ces dernières années !
HEYMOONSHAKER + GUTS live
MARDI 29 MARS 2016 /// 20h
LE BIKINI – rue Théodore Monot – RAMONVILLE SAINT-AGNE (31)
22€ > 25€