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Si Eiffel, depuis « Foule monstre » en 2012 est en pause discographique pour une durée indéterminée, même si semble-t-il un nouvel opus rageur est en approche rapide, son frontman Romain Humeau, lui, ne s’est pas retiré au fond d’une quelconque grotte lointaine pour y soigner une misanthropie fantasmée. S’il a œuvré pour d’autres, en mettant en musique « Vendredi ou les limbes du Pacifique » de Michel Tournier ou en mêlant son univers à celui de Bernard Lavilliers, il a aussi écrit, écrit, écrit. Jusqu’à ce que l’impérieuse nécessité de graver le tout nous offre un double album dont le premier volet sort aujourd’hui. Balade tour à tour sombre et tendre au pays des rêves cramés qui ressemblent à tout sauf à des paradis artificiels, des matins qui tressautent et des journées qui ont le souffle court, «Mousquetaire ≠1» a l’infernale puissance de ceux qui savent toucher en plein cœur d’une botte secrète faite de mots dits avec les tripes, crus parfois, violents de temps en temps, jamais vains. Avec ses mélodies qui s’enroulent aussi bien en français qu’en anglais, Romain Humeau, artisan sculptant la glaise poétique pour nous livrer quelques images subliminales étourdissantes, nous emmène dans un pays de velours où l’on flâne en toute liberté et où l’on retient son souffle pour capturer quelques magnifiques chimères du rêve. Sans rien s’imposer si ce n’est de laisser sa plume glisser sur les pages blanches d’un imaginaire débordant, il se laisse emporter par la beauté de contes vagabonds qui nous parlent d’amour et de violence, de politique et vieillesse, de ces villes qu’il ne fréquente pas ou plus mais qui, ahuri parmi les ahuris, lui donnent matière à rester debout envers et contre tout. Les yeux grand ouverts face à ce monde qui part en vrille, Romain Humeau nous offre une vision moins pessimiste qu’il n’y parait de prime abord, un instantané d’éternité qui s’imprime durablement sur nos pupilles et laisse dans notre âme une trace indélébile. Avec la beauté du diable qui le caractérise, il nous propose de partir à sa suite errer dans des landes où rien ne s’interpose à nos lubies, où tous les chiens enragés du monde ne courbent jamais l’échine et se dressent encore et toujours pour crier leurs vérités à la face de tous ceux qui ont oublié de vivre. Treize titres qui longtemps peuplent nos rêves et rythment nos jours murmurés, treize chansons qui nous lient les uns aux autres quand la nuit remue aux astres et aux déesses, treize envies de fronde qui nous transportent dans l’inframonde et par dessus toutes les citadelles de l’intolérance nous ouvrent le champs des possibles. Ca fait quoi d’être libre ?… Ca donne « Mousquetaire ≠1 » !
