Même les fleurs de bitume au parcours chaotique, qui font du feu et du sang l’alpha et l’omega de leur existence, ont, un jour, eu des racines, un port d’attache, un lien profond et viscéral avec une terre, une ville, un pays. La plupart du temps, l’oubli, l’aveuglement, sont la règle, pour ne rien avoir à regretter, pour ne pas donner de soi une image qui ne correspond pas à ce que les autres attendent. Mais toujours au fond du coeur subsiste cette petite flamme venue du passé, ce jardin secret où l’on peut se réfugier pour penser à hier, à cette innocence qui permettait tous les rêves, à ces fleurs que l’on admirait chaque matin sans même s’en rendre compte, à ces moments partagés sans contrainte de style, de réputation, de genre. De sa Bretagne natale, Stan a gardé cette foultitude de souvenirs enfantins qui construisent l’adulte, lui donnent sa substance et tracent son chemin de vie, quel qu’il soit. Alors, tout comme lui, lorsque l’on poursuit ses rêves jusqu’en enfer s’il le faut, lorsque l’on se prête au jeu du rap (ou de tout autre mode de vie ou de création) et de ses codes souvent caricaturaux, il suffit de laisser l’enfant regarder l’adulte (qu’il soit jeune ou plus âgé) et lui dire tout simplement « Souviens-toi »… Alors, peut-être, l’espace d’un instant, la magie revient et nous entraîne dans une douce et apaisée promenade nostalgique, une ballade au cœur d’un passé souvent fantasmé mais ô combien régénérateur…