Gérard Loussine parle au micro de la dame…

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Au micro de la dame, Gérard Loussine nous invite à en découvrir un peu plus sur “in the sky with”, son premier (magnifique) album…

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Cela fait tellement longtemps que Gérard Loussine imprime nos rétines sur grand et petit écran, ravit nos yeux et nos zygomatiques sur scène, que l’on ne pouvait qu’être surpris, pour le coup fort agréablement, de lui découvrir un univers musical aux contours multiples, un monde fait de petits riens qui en se superposant forment un tout universel. Comment, dès lors, après avoir navigué en eaux calmes avec lui, être partis en sa compagnie dans le ciel étoilé de rêveries poétiques délicates, ne pas avoir envie de papoter quelques instants pour en savoir un peu plus sur cette “nouvelle aventure”, ce premier album de chansons teintées de blues qui fait dresser les poils et, parfois, humidifie les yeux… 

Tu as une carrière de comédien incroyable même si, finalement, tu es assez peu connu du grand public. Quel regard poses-tu sur cette carrière ?

C’est vrai que je ne suis pas une star mais j’ai beaucoup tourné, j’ai beaucoup travaillé. Néanmoins, je ne vois vraiment pas mon métier de comédien comme une carrière, c’est juste ma vie. Je n’ai jamais vraiment voulu devenir acteur, je voulais juste me lever un peu tard et gagner un petit peu de sous. J’ai cherché un métier qui rendait ça possible, un métier où on n’était pas obligé de travailler tous les jours. En fait, quand j’étais enfant, je suis allé en pension pendant sept ans et on m’a tiré des draps à 6h30 du matin durant ces sept années. Pour moi, c’était quelque chose de super traumatisant. Ce qui fait que le week-end, quand je rentrais chez moi, je mettais le réveil à sonner à 6h30 du matin juste pour le plaisir de pouvoir appuyer dessus et de me rendormir.

Pour en revenir à ma carrière, c’est compliqué pour moi de parler en terme de carrière car j’ai travaillé et j’ai eu la chance de rencontrer des gens formidables… C’est à la fois de la chance et, ce que j’ai appris avec le temps et en faisant un petit travail perso aussi, c’est que j’ai également une petite part de responsabilité dans ça notamment dans le fait que, si les gens viennent vers moi, c’est aussi que j’ai quelque chose qui fait qu’on peut venir vers moi. Par exemple, je n’écris pas mais je me suis toujours entouré de gens qui savaient écrire. En revanche, si je devais écrire un livre sur ma vie, j’écrirais l’histoire d’un garçon qui n’a toujours subi que du positif, «subi» parce que je n’ai pas l’impression de l’avoir engendré. Finalement, la vie que j’ai me va vachement bien. Je n’ai jamais été acharné, j’ai toujours choisi de faire les choses à mon rythme, de façon ludique, et surtout pas par obligation. Pour moi, jouer au théâtre, c’est loin d’être un calvaire, surtout quand je joue une pièce qui me plaît. Tout ce que je fais, je le fais toujours avec plaisir. J’ai eu la chance de rencontrer des gens formidables qui m’ont vachement aidé. Ma vie me va bien, me ressemble.

En fait, pour tout dire, je crois que je suis très fainéant. Le seul vrai travail que j’ai fait dans ma vie, c’est six ans d’analyse à coup de deux séances par semaine sans jamais y déroger, le reste du temps, je me suis laissé porter.

Vu tout ce que tu as fait en terme de comédie, je ne suis pas sûre que l’on puisse parler de fainéantise…

Peut-être pas mais j’ai pris beaucoup de plaisir à faire les choses même celles pour lesquelles je n’étais pas forcément emballé comme les bidasseries dans les années 80, comme ça se faisait beaucoup à l’époque. Mais j’ai aussi appris mon métier de comédien en faisant ça et j’ai rencontré des gens super. Aujourd’hui, il n’y a plus tout ça. Je ne dis pas que c’était mieux avant, je dis que c’était plus simple. J’en veux pour preuve quand tu demandes à un jeune comédien ce qu’il fait dans la vie, il te répond qu’il est intermittent ! Moi, je leur dis qu’intermittent, c’est pas un métier, c’est un statut. Mais ça veut que le discours n’est plus le même. A l’époque, on disait «j’essaye d’être acteur». C’était plus simple, il n’y avait pas de casting, on voyait directement les metteurs en scène, on passait aux Buttes-Chaumont… Maintenant, le dernier truc qu’on m’a demandé c’était que je me filme en train de dire le texte que j’avais reçu et que je l’envoie ensuite à l’équipe de casting… C’était juste surréaliste pour moi.

A l’âge que j’ai, j’ai pas envie de m’embêter avec ça ! Là, je suis content de faire les «Scènes de Ménage» avec mon ami Gérard Hernandez que je connais depuis quarante-cinq ans. C’est d’ailleurs lui qui m’a branché dessus il y a un an et on se marre bien à faire ça. Un jour, il m’appelle et il me dit «Dis donc, je crois que j’ai fait une connerie, j’ai parlé de toi à la production pour «Scènes de Ménages» parce que j’avais une idée de personnage et ils ont dit oui». Evidemment, je lui ai répondu qu’il n’avait pas fait de connerie et je suis super content de faire ça avec lui. Donc voilà, moi, c’est comme ça que j’ai envie de faire. Au théâtre, c’est pareil. On a monté notre boîte de prod avec José Paul et Marc Fayet en 2001, juste avant de monter «Un petit jeu sans conséquence».

C’est comme ça que je fonctionne, je m’entoure et je fais les démarches pour démarrer de nouvelles choses, de nouveaux projets. A l’époque, tous les deux, ils avaient du mal à monter leur projet de leur côté et je leur ai proposé de mettre un peu d’argent tous ensemble dans les projets et de les co-produire nous-mêmes avec les théâtres. On a fait ça pendant douze ans, on a monté une dizaine de pièces dont certaines ont très bien marché. J’ai été potes avec Bruel, Pagny, Anconina dans les années 80 et ils se sont construits des super carrières mais je n’aurais pas aimé avoir ce genre de parcours. La vie que je me suis choisi m’a permis notamment de m’occuper de mes deux garçons que j’avais en garde alternée une semaine sur deux. Je gagnais bien ma vie, entre autres grâce aux voix que je faisais dans les pubs, ce qui m’a permis de vivre comme j’en avais envie. Je n’ai jamais eu envie de notoriété. Moi, les gens, quand ils me reconnaissent dans la rue, c’est généralement qu’ils me prennent pour leur boucher et ça me va bien comme ça !

Au début des années 80, avant qu’il soit connu, j’ai enregistré un 45T avec Patrick Bruel mais déjà, quand on allait prendre un verre quelque part, les gens le regardait dès qu’on entrait dans un lieu, il y avait déjà quelque chose, son envie à lui qui rejaillissait dans le regard des autres.

Ton nouveau projet est musical mais ce n’est pas le premier ?

C’est vrai que j’ai fait plein de 45T, une bonne douzaine, mais c’était toujours en m’amusant avec les potes. On avait un studio grâce à la musique que j’avais faite pour «Signé Furax», avec Georges Bodossian notamment, qui a aussi réalisé mon nouvel album. C’est un super guitariste, il a un groupe qui s’appelle Océan qui a bien marché dans les années 80. On est potes depuis l’âge de treize ans avec Georges. On était tous les deux en pensionnat au collège arménien. Je suis d’origine arménienne mais mes parents n’avaient pas du tout un esprit communautariste. C’est moi, à onze ans, qui ait voulu me barrer de chez moi parce que je trouvais que ma mère était un peu trop sur mon dos. Ça m’a permis de rencontrer Georges avec qui j’ai monté mon premier groupe et on ne s’est plus jamais quittés. On a fait plein de musiques de séries, de films mais je n’avais jamais fait d’album avant. A la naissance de ma première petite fille, Thelma, j’ai fait une chanson, Georges a fait les arrangements et Marc Fayet a écrit le texte avec moi parce que je savais ce que je voulais raconter. De fil en aiguille, on a fait douze titres dont une autre chanson pour ma deuxième petite fille.

Justement, parle-moi  de cet album…

J’ai juste fait ce qui me plaisait musicalement. Toutes les chansons de l’album racontent une histoire. Les textes de deux chansons dont la première de l’album «Le micro de la dame» et «Les gens d’ailleurs» ont été écrits par Jean-Marie Moreau. La seconde se réfère à mes origines arméniennes et à ma grand-mère qui a été déportée durant le génocide arménien en 1916 mais la chanson parle aussi des gens qui sont déplacés malgré eux. Ses textes sont magnifiques. Pareil pour ceux de Vincent Baguian. Sandi Masson n’avait jamais écrit de chansons et elle avait envie d’essayer donc on a travaillé ensemble. Elle a écrit des textes vachement bien. C’était important pour moi de pouvoir raconter aussi des histoires plus féminines comme «Le temps qui passe», les chansons pour mes petites filles ou encore «C’était comme ça». Ce qui était important pour moi, c’était que les textes soit faciles à chanter pour moi. En fait, je compose tout en anglais bidon, c’est d’ailleurs ce qui a donné naissance à «Une chanson en English», je fais les maquettes comme ça que je donne aux auteurs pour qu’ils écrivent les paroles en leur expliquant les sujets dont j’ai envie de parler.

Le dernier titre de l’album a été écrit pour Jean-Marie Moreau qui est mort pendant qu’on l’enregistrait et, avec Vincent, on a écrit cette chanson pour lui rendre hommage.

Dans ma vie de tous les jours et dans mon métier, je fais marrer les gens mais quand je fais de la musique et, notamment pour cet album, je montre une facette plus mélancolique et nostalgique, très empreinte de blues musicalement.

J’ai produit l’album moi-même parce que c’est comme ça que ça marche aujourd’hui alors que pour mes 45T dans les années 80, j’avais une maison de disque. On a mis quatre ans pour faire cet album, tranquillement, entre copains. Ensuite, je me suis aussi occupé de trouver quelqu’un pour le promouvoir sur le web et les réseaux sociaux et, avec Georges, on envisage de prendre deux ou trois musiciens avec nous pour faire vivre l’album sur scène dans les mois qui viennent. Je travaille à l’organisation d’un showcase à Paris à l’automne pour présenter le projet aux professionnels. On a aussi fait un clip avec un pote réalisateur et un autre monteur qui m’ont fait tout ça gracieusement. J’avance doucement sur le projet, à mon rythme. Après, je trouve ça marrant à soixante-dix piges de faire mon premier album !

 

Gérard Loussine – “In the sky with” disponible dans toutes les bonnes crèmeries…

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