Il fallait être courageux en ce dimanche d’hiver pour sortir dans le froid et sous la pluie en direction du Médiator à Perpignan pour se réchauffer les oreilles avec de la bonne zik.
Et c’est là tout le truc… En effet, toute la musique que j’aime, elle vient de là, elle vient… du blues !
Et du blues il y en avait ce dimanche gris en fin d’après-midi. En arrivant (en retard), je me rends compte que la file d’attente est assez longue et comme je n’ai pas pris mon parapluie, je commence à papoter avec mes voisins avant de pénétrer dans ce Médiator où quelques notes de blues résonnent déjà.
Nico Backton dépasse la foule avec son grand mètre 92. Et c’est bien heureux car il y a tellement de monde que l’on n’y voit rien !
Avant de percer la foule et pendant que je prépare mon appareil photo, je me laisse bercer par la voie rocailleuse du bluesman dont j’aime le style depuis ses premiers albums en solo. En bon belge (catalan d’adoption), la pluie ne l’a pas impressionné et il est déjà bien à fond avec ses compères, les Wizards of Bues (Thierry Lopez à la guitare, Jean Denux à la basse et Philippe Dourou à la batterie). Entre deux petits discours à l’attention du public hyper réceptif, Nico déroule une playlist bien huilée mélangeant anciens et nouveaux morceaux. On apprécie énormément le « In your arms », création originale que l’on peut découvrir dans le dernier album « Down the Line ».
Le blues traditionnel du Mississipi prend d’assaut la petite scène du Médiator et, titre après titre, Nico s’approprie un public séduit qui bat la cadence. J’aperçois des personnes se mettant à danser le rock sur « Good morning little schoolgirl ». D’autres chantonnent le refrain de « Down in Mexico ». Il n’y aucun doute, Nico Backton and the Wizards of the Blues assurent un peu plus leur notoriété en pays catalan grâce, entre autres, aux envolées de la guitare de Thierry Lopez. Le duel « bluesesque » entre Thierry et Nico nous aura encore plus convaincu si besoin en était. Le temps passe vite et Nico Backton quitte la scène après un rappel amplement mérité.
Quelques petits mouvements de foule s’opèrent. Le temps de discuter avec mes voisins de derrière, deux couples de Castelnaudary et d’Albi. Les premiers ont offert les places aux seconds pour voir Manu Lanvin et les Devil Blues. Un jeune ado monte sur scène pour accorder une guitare bleue à paillettes contrastant étrangement avec la petite figurine de Motorhead posée sur un ampli et la tête de mort dessinée sur un autre.
Ce n’est pas trop étonnant en somme. Le parfait mélange d’où vient Manu Lanvin bercé depuis sa tendre enfance par les sons rock des amis de son père (Téléphone, les Bérus, Trust) et le son disco de sa mère. Moi qui ne connais pas Manu si ce n’est par les quelques vidéos regardées avant de venir au Médiator, je sens mon impatience monter. Est-ce que ça va vraiment être à la hauteur de ce que tout le monde m’a dit ?
Les lumières s’abaissent. Une légère fumée envahit la scène et Jimmy Montout, le batteur fait son entrée, suivi par Nicolas Bellanger le bassiste. Puis, à travers la fumée, on distingue une silhouette au chapeau qui s’avance et entâme sans préambule le premier morceau d’une playlist qui va être blues mais surtout rock !
Même en étant collée contre la scène, je ne vais pas apercevoir le visage de Manu avant la moitié du set. Caché derrière son chapeau et le manche de sa guitare disco, le musicien-chanteur est possédé par le « devil » qu’il revendique haut et fort. Il prend la scène d’assaut et armé de sa guitare, la parcourt de gauche à droite, saute, virevolte, s’accroupit et bouge comme un asticot fou.
Les champs de coton de Nico Backton sont loins. Ici, il fait chaud, la température monte, le blues devient puissant, les riffs sont de plus en plus appuyés. D’ailleurs, Manu se lance dans une reprise endiablée du « Voodoo Child » de Jimy Hendrix. Sa guitare bleue à paillettes brille dans le noir. Car depuis le début, la scène est très peu éclairée. L’artiste nous fait deviner et ressentir tous les mots, tous les sons. Presque privés de la vue, on ne peut que se laisser envahir par les rythmes dingues du trio. Tous nos sens sont en émoi, à l’affût de toute information musicale.
Manu va même chercher le public par deux fois en descendant dans la fosse. Il y sera accueilli par d’énormes sourires et applaudissements.
Les morceaux s’enchaînent, tous plus pêchus les uns que les autres. Le public, en bon connaisseur, apprécie. Puis il laisse tomber le chapeau et se débarrasse de sa veste. Il veut chanter l’amour et en profite pour demander s’il y a des amoureux dans la salle. A ceux qui l’ont été mais ne le sont plus, il répond simplement « Bienvenue au club » et assume totalement le fait d’indiquer clairement qu’il est célibataire. Et la chaleur de reprendre encore quelques degrés sous les « ouh ouh » de la gent féminine. 🙂
Celui qui a assuré la première partie de notre Johnny national (retour au début de l’article, la boucle est bouclée!) charme. Manu charme. Par la voix rocailleuse et chaude, par le mystère entretenu du chapeau, par la musique pêcheresse. Alors Laurène? Est-ce que ça a été à la hauteur ? Je réponds OUI sans hésiter. Une aprem Sunday Blues au Médiator, j’en veux encore!
Report et photos : Laurene Coranti-Herten
merci à Julien, Anne et Marie du Mediator pour leur accueil et leur aide toujours précieuse…
BRAVO Laurene, pour la superbe qualité de ton reportage, de cette belle blues « party » au Médiator, oui je me rappelle de toi quand tu es arrivée, j’étais installée devant Manu, en fait, TShirt , de la « fan » qui se déplace autant de fois que je peux,! pour revoir Manu Lanvin et The Devil Blues, le concert à peine fini, qu’on se dit Vivement le prochain,, et oui il n’a pas eu hier le prix meilleur interprète masculin , mais il mérite TANT, qu’on aille à tous ses concerts et qu’on achète ses CD,, nous on l’aime ,, pour tout ce bonheur musical que ce trio Jimmy , Nicolas et Manu nous apporte,, bien heureuse d’avoir revu Nico Backton,, j’espère revenir une prochaine fois à Perpignan,,