Voix de Femmes 2018 – 15/06/18

baware

Report : Voix de femmes jour 1 : Ayo / Pneumatic Serenaders / Cats On Trees

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S’évader du quotidien, prendre un chemin de montagne, risquer de se perdre mais finalement venir délicatement se poser sur un bas-côté et, en quelques pas, se retrouver hors du temps, hors des soucis, des aléas de la vie, se plonger dans une parenthèse enchantée où plus rien ne compte si ce n’est profiter d’une soirée agréable bercée par les bonnes vibrations offertes par des artistes visiblement heureuses d’être là, dans ce festival à taille humaine, loin de la pression, des diktats de la hype industrielle, dans ce lieu presque intimiste où grands et petits se retrouvent en toute simplicité pour quelques heures de musique. En ce beau vendredi direction Maury, donc, pour une nouvelle édition de Voix de Femmes aux accents pop soul, un peu rock, un peu bluesy, une édition au line-up cohérent et appelant à la gourmandise, à la découverte, à l’abandon et au plaisir. Coup de chance supplémentaire cette année, pas un nuage à l’horizon, et même une petite brise susceptible de nous rafraîchir au besoin. A peine arrivés que nous voici pris à l’inextricable piège de ce festival fondamentalement différent. Point encore de musique mais, déjà, une ambiance familiale, conviviale, où l’on se retrouve, on papote, on rit, on prend des nouvelles des uns, des autres, bref on vit… Pas de course effrénée au cashless, nul besoin de jouer des coudes pour se retrouver compresser au premier rang, non, à Maury, tout le monde est bien servi, tout le monde, assis ou debout, est sûr de pouvoir profiter du spectacle dans les meilleures conditions qui soient, parce que le site n’est pas très grand, parce que tout a été pensé pour le confort du public.

Deux petites heures plus tard, après avoir croisé moult personnes de la plaine, une petite silhouette, presque frêle, entre sur scène, une guitare à la main. Simple, sensible, Ayo ouvre le bal de cette édition 2018 avec des mélodies douces, délicates, qui se lovent en nous pour mieux parler à nos sens. Deux titres en tête à tête, moment rare de partage entre une artiste et son public, baigné du silence respectueux d’une écoute attentive. Deux titres avant que trois musiciens, trois complices, ne la rejoignent et, d’un coup d’un seul, fassent entrer sa musique dans le groove. Libre à eux autre, dès lors, de faire le tour d’un univers musical riche, où la voix de velours de la chanteuse suit à la perfection les contours de mélodies soul, pop et folk, nous contaminant d’un joli sourire avec son bonheur d’être là, parmi nous, à partager quelques moments fugaces. Mélangeant titres de son dernier opus, « Paname », et morceaux plus anciens – et donc plus connus -, Ayo en quelques dizaines de minutes volées à l’infini nous entraîne dans un beau voyage au cœur de son intime, fut-il universel. En toute simplicité, sans nul artifice à son secours, en quelques titres seulement, elle établit une connexion parfaite avec le public, inscrivant sur chaque visage en face d’elle un magnifique sourire. C’est ainsi, certains artistes, plus que d’autres, réussissent à occuper l’espace intégralement sans avoir à fournir beaucoup d’efforts, sans faire trop de mouvements, rares sont ceux qui peuvent nous toucher et nous faire vibrer en douceur, sans jamais oublier qu’une chanson, même délicate ou groovy, peut fort bien porter quelque message puissant.

A peine une seconde pour souffler, nous remettre de cette (de ces) belle(s) émotion(s) que résonnent le blues des Pneumatic Serenaders. Bonne idée, en passant, que d’accoler la scène destinée aux artistes émergents à celle où se produisent les têtes d’affiche. Nul besoin, ainsi, pour le public de bouger et pour les artistes, contrairement à d’autres festivals où on leur réserve une scène paillasson, l’assurance d’être vus, entendus, et donc potentiellement appréciés. Ce qui sera le cas ce soir avec le groupe perpignanais qui déroule un blues old-school qui fait du bien, une musique tout droit sortie d’un autre siècle mais qui prouve, encore et encore, son actualité et sa puissance émotionnelle. De quoi nous donner quelques beaux frissons et nous faire dire qu’un chouille de plus n’aurait pas été du luxe…

Car d’un coup d’un seul le noir se fait et, dans un halo presque irréel, voici que l’on entend la voix de Nina, exquise frontwoman de Cats On Trees, une voix qui caresse, cajole, envoûte, secoue parfois aussi, se fait toute douce avant d’exploser littéralement. Une mise en scène introductive qui va donner le ton de tout le concert, surprenant, hyper travaillé scéniquement parlant, débordant d’énergie et de cette volonté d’emporter le morceau aussi bien sur les titres punchy que sur les ballades qui permettent une petite respiration. A cinq, même si Nina et Yohan à la batterie sont – forcément – plus exposés, ils n’auront de cesse d’enchanter notre nuit naissante, enchaînant les titres qui donnent envie de bouger, de danser, chanter, qui sait de se lover aux côtés de celui ou celle qui nous accompagne. Rompu à l’art pas si évident que cela de la scène, Cats On Trees sait mieux que quiconque embarquer son petit monde dans un road-trip au long cours vers un ailleurs merveilleux. Il suffisait de tourner la tête, ce soir, à droite, à gauche, pour comprendre à quel point le groupe sait parler au public, il suffisait de regarder le nombre de lèvres chantonnant pour saisir à quel point cette petite bande maîtrisait son sujet. Résultat, un moment suspendu où plus rien ne semble compter si ce n’est ces quelques chansons offertes comme autant de cadeaux, ces instants magiques où l’on oublie tout pour se laisser porter par la vague pop d’un groupe en connaissant toutes les couleurs, tous les contours, nous laissant un peu fatigués mais ô combien ravis d’avoir pu, ainsi, faire partie des heureux privilégiés les ayant vécus.

Les lumières s’éteignent, quelques regards fugaces confirment que nous ne sommes pas les seuls à avoir envie d’un peu de rab’. Malheureusement, il est temps de quitter notre eden provisoire. Demain, d’autres viendront nous relayer et profiter de la merveilleuse ambiance de ce festival hors norme. Promis, l’an prochain, nous serons à nouveau là, fidèles, prêts à nous enflammer pour des artistes confirmé(e) ou en découverte, prêts à faire partie une fois encore de la belle aventure humaine que sont depuis si longtemps ces Voix de Femmes…

photos et report : Géraldine & Thierry

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